12 mai 1976. Date conservée dans la légende tel l'éternel sommet de la fantastique épopée des Verts des années 1970. Dans le mythique Hampden Park de Glasgow aux poteaux , c'est la finale de la Coupe des Champions qui s'y déroule : AS Saint-Étienne-Bayern Munich 1976 . Un match qui, encore aujourd'hui, est synonyme de regrets comme de fierté pour Christian Lopez , Dominique Bathenay , Jean-Michel Larqué, Jacques Santini , Gérard Janvion et les autres Stéphanois de l'époque. Avec Le Podcast des Légendes , plongez dans l'un des plus célèbres et cruels épisodes de l' histoire du football français .
AS Saint-Étienne-Bayern Munich 1976 : une finale européenne comme avènement d'une épopée exceptionnelle des Verts
Un parcours hors du commun pour se siffler jusqu'au sommet de l'Europe
Les Verts de 1976. Glasgow. Le Bayern de Beckenbauer. Des poteaux carrés qui prennent la forme de barrières infranchissables refusant le sacre suprême à l'AS Saint-Étienne… Cette défaite 1-0 du club français en finale de la plus belle des Coupes d'Europe est mythique. Elle est surtout l'aboutissement d'un parcours d'exception, auréolé d'exploits et de remontadas fantastiques qui ont peint la France entière en vert.
Car à cette époque, les Stéphanois marchent sur l'Hexagone comme tout le continent. En 1974-1975, les hommes de Robert Herbin se sont hissés jusqu'en demi-finale de cette même Coupe des Champions, déjà éliminés (0-0 puis 0-2) par le Bayern Munich, tenant du titre. Au passage, ils avaient réalisé une prouesse rétentissante en écartant, en huitième de finale, l'Hajduk Split, avec une victoire 5-1 au retour à Geoffroy-Guichard. Ce Saint-Étienne-Hajduk Split 1974 de folie a vraiment été synonyme de naissance du mythe des Verts .
Sorti en demi en 1975, l'objectif du club de Roger Rocher est d'accéder à la grande finale de 1976. Pour cela, ils entraînent sans difficulté les Danois de Copenhague au premier tour (5-1 sur les deux matchs). Les choses sérieuses s'annoncent en huitième puisque les Verts doivent affronter les Écossais des Glasgow Rangers… Deux victoires sans appel plus tard (2-0 et 2-1), ils ont indiqué à toute l'Europe qu'ils forment, désormais, une équipe à craindre sur le continent.
En quart de finale vient alors l'exploit majuscule. Lors de ce Saint-Étienne-Dynamo Kiev 1976, les Verts terrassent la meilleure équipe du monde . Le tout grâce à un retour désespéré de Christian Lopez dans les pieds du Ballon d'Or Oleg Blokhine et à un scénario totalement dingue. Dans un Chaudron incandescent, le club du Forez l'emporte 3-0 après prolongation tandis qu'il avait sombre à l'aller (2-0).
La grande équipe de Saint-Étienne de 1976 avec, au centre, son immense gardien Ivan Ćurković
Puis, en demi-finale, c'est la confirmation que Saint-Étienne fait définitivement partie de la cour des grands. Face à lui, une autre épouvantail du football européen : le PSV Eindhoven. Une courte victoire 1-0 à l'aller, puis un retour héroïque dans la chaude ambiance du Philipsstadion pour tenir le nul (0-0) suffit au bonheur des Verts. Dix-sept ans après le Stade de Reims, finaliste en 1959, un club français accède de nouveau enfin à l'ultime manche de la Coupe des Champions. L'ancien latéral Gérard Janvion se rappelle : « On fait un petit retour en arrière, on regarde notre effectif. On a que des gamins qui ont connu le centre de formation […] qui sont arrivés là. Et puis quoi, dix-sept ans après, une équipe française en finale de Coupe d'Europe ? » C'est évidemment un aboutissement exceptionnel pour les Larqué, Piazza, Curkovic, Rocheteau et tous les autres.
Entre confiance et difficultés, une préparation à la finale pas nécessairement idéale
En finale, c'est donc l'immense Bayern Munich de Beckenbauer, Maier, Muller, Hoeness et les autres qui défie Saint-Étienne. Double champion d'Europe en titre après ses sacres en 1974 puis 1975. Une formation légendaire composée, en grande partie, de l'équipe d'Allemagne de l'Ouest championne du monde 1974. Bref, une montagne.
Pourtant, cette toute dernière étape n'est pas perçue comme insurmontable pour les Stéphanois. L'ancien attaquant Christian Synaeghel confie qu'« on connaissait leurs capacités » puisque « l'année précédente, ils nous avaient éliminés ». Même son de cloche pour Gérard Janvion : « On connaît bien les Allemands et on était vraiment, vraiment prêts pour ça ». Ses souvenirs et ses propositions laissent transparaître toute la confiance et les certitudes gagnées par les Verts au fil de leur épopée européenne. Ainsi, « je pense qu'on était archi prêt pour jouer contre le Bayern », affirme encore aujourd'hui le défenseur.
Sauf que la préparation à cette grande finale de Glasgow n'est pas idéale pour le club français. Son jeune prodige et « Ange Vert », le virevoltant attaquant Dominique Rocheteau, sort blessé à la cuisse en demi et est très incertain pour la finale. Ce n'est le début d'une hécatombe qui va priver la formation forézienne, pour le plus important rendez-vous de son histoire, de plusieurs de ses forces vives.
Gérard Janvion garde d'ailleurs encore un goût amer de cet épisode. « Je pense que ce qui nous a vraiment handicapés, c'est la faute de la Ligue de football de nous mettre, trois jours avant [la finale] , un match difficile à Nîmes ». Réputée à l'époque pour la dureté de son jeu, c'est en effet l'équipe gardoise que les Verts doivent affronter, en match en retard du championnat. Et ce, quelques jours à peine avant leur finale. « Vous pouvez voir le calendrier , regrette pourtant Janvion, ils savaient très bien qu'on était qualifié. Il y avait un autre moyen pour qu'on puisse préparer notre match dans de bonnes conditions ». Résultat des courses, Sainté l'emporte largement 5-2, mais deux de ses joueurs se font découper par les Nîmois.
Gardois à l'époque, l'ancien milieu René Girard « pense que la fédération est fautive » aussi. Cependant, il dit avoir « une autre vision des choses », à savoir que « nous, on avait un match de football à discuter, le Nîmes Olympique contre l'AS Saint-Étienne. La finale de la Coupe d'Europe, entre guillemets, ce n'était pas notre problème ». Mais les Nîmois n'avaient pas pour intention de « massacrer les Verts ». René Girard réfute également les accusations de contrat ou de volonté délibérée de casser du Stéphanois, dépeignant au contraire une rencontre équilibrée au niveau de l'impact. « On allait là-bas pour faire un match de football. Je dirais qu'ils ont été aussi virulents et aussi engagés que ce que nous avons pu l'être. […] On a joué un match engagé parce qu'on ne voulait pas en prendre quinze non plus […] On s'est fait rentrer dedans, ils ne font pas de cadeau ». Au final, Nîmes perd largement et son image d'équipe grossière se retrouve exacerbée, ce que regrette Girard. « C'est lamentable de voir les proportions que ça avait pris, c'est des choses qui te marquent longuement. […] Ça fait très mal parce qu'on nous a traité de voyous, tout y est passé .»
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N'empêche. En plus de Rocheteau, Gérard Farison et Christian Synaeghel rejoignent les rangs de l'infirmerie après ce match. « Un blessé par ligne », résume le Capitaine Larqué. Ils sont contraints de déclarer un forfait pour la rencontre de leur vie. « J'ai essayé pendant la semaine , se souvient ce dernier, surnommé « Le Chti ». Impossible… » C'est donc amoindris que les Verts s'envolent pour l'Écosse afin de défier le Bayern.
De gauche à droite, trois grandes figures des Verts de 1976 : l'entraîneur Robert Herbin, l'attaquant Patrick Revelli et le capitaine Jean-Michel Larqué
Une finale mythique où l'enthousiasme des Verts se fracasse aux poteaux carrés de Glasgow
Le 12 mai 1976, l'Europe entière est verte
Au fil de leurs exploits européens, Saint-Étienne a conquis le cœur de nombreux fans du ballon rond, en France comme partout en Europe. Et cette réalité saute rapidement aux yeux de tous les joueurs à leur arrivée à Glasgow, puis au moment de rentrer sur la pelouse pour la finale. Comme l'ancien milieu de terrain Dominique Bathenay le raconte, dans les gradins, « il y a du vert quoi. Il y a du vert partout ».
C'est loin d'être exagéré : les 8 000 supporters allemands présents sont invisibles face aux 25 000 Français qui ont fait le déplacement. En plus, Hampden Park est l'antre du Celtic Glasgow, qui joue… en vert. De fait, c'est une véritable marée verte qui déferle pour cette grande finale de la Coupe d'Europe. Témoignage d'un enthousiasme et d'une popularité comme rarement un club français en a retenu.
Une renommée verte qui s'explique, selon Dominique Bathenay, pour « plusieurs raisons. D'abord [l'ASSE] est une équipe jeune, voilà, on sort tous du centre de formation. Donc les gens, ils aiment bien ça ». Ensuite, à ses yeux, la ville de Saint-Étienne diffusait alors « certaines valeurs […] de camaraderie, d'entraide, de solidarité, de sueur… […] Saint-Étienne, c'était plutôt les mines, donc on véhiculait toutes ces valeurs-là ». Ainsi, « tout le monde s'est retrouvé dans cette équipe » qui « est devenu le plus grand club français ».
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Une finale serrée qui se joue sur des détails… et des poteaux carrés
Presque cinquante ans après, l'analyse des anciens Verts et leurs souvenirs de cette rencontre mythique sont quasiment tous identiques. Christian Lopez l'affirme : « Sur ce match de la finale de la Coupe d'Europe […], on fait un super match ». Du côté de Dominique Bathenay, « cette finale, elle était pour nous. Oui, elle était pour nous… ». Enfin, pour Gérard Janvion, « en fin de compte, on doit la ramener la Coupe d'Europe, jamais on doit perdre ce match ».
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En effet, tout novice qu'il est à ce stade de la compétition face au double champion en titre, Saint-Étienne prend la fête par le bon bout. Même avec une équipe diminuée et son attaquant vedette, Dominique Rocheteau, contraint de rester sur le banc. Dominique Bathenay confie d'ailleurs qu'il a alors lui-même une cheville douloureuse et qu'il dispute cette rencontre sous infiltration.
Maillot vert, court noir, les Stéphanois dominent les Allemands. Imposent leur jeu, rapide, technique et offensif. Dès le début du match, Bathenay puis Jacques Santini, remplaçant habituel de « L'Ange Vert », allument les premières mèches. À côté.
Puis arrive cette fameuse 34e minute. Dominique Bathenay hérite du ballon au milieu du terrain. Se projette rapidement vers l'avant, efface deux défenseurs bavarois, dont le regretté Kaiser, Franz Beckenbauer. Puis, du gauche, décoche une frappe monumentale qui laisse sur place Sepp Maier… avant de heurter la barre transversale. Est-ce parce que ce montant est carré, et non rond comme habituellement, que la balle ne rebondit pas à l'intérieur du but ? Impossible de répondre à cette question bien sûr. Pourtant, les supporters stéphanois se la présentent encore aujourd'hui.
Ces derniers regrettent d'autant plus cette action que, dans la foulée, le ballon revient vers Hervé Revelli, seul au point de penalty. Cette occasion, Gérard Janvion ne l'a pas oubliée. « Hervé qui ne loupe jamais, jamais un mais devant […] Eh bien, il l'a loupé », soupire-t-il encore. « Sur ce ballon-là, raconte aussi Jacques Santini, d'habitude il fait toujours une feinte comme il nous faisait au tennis ballon ou dans les jeux… » Mais là, l'attaquant stéphanois reprend directement le ballon de la tête sans parvenir à tromper Maier. Toutefois, comme le note Christian Synaeghel, « là-dessus, plutôt que de mettre la tête, il ya le temps de l'amortir, de tirer ». Dommage pour les Français.
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Il en faut cependant plus pour briser leur élan offensif. Pourtant, le Bayern, dominé, reste malgré tout dangereux. Quelques minutes plus tard, le tout jeune Karl-Heinz Rummenigge décoche à son tour un missile que Curkovic lâche juste devant sa ligne… avant de sauver son équipe en catastrophe. Un fait de jeu dont se souvient encore avec précision Jacques Santini, très honnête sur l'auto-critique. Jusqu'à cette frappe de Rummenigge, il concède que « je peux pas dire que j'étais dans le brouillard, mais c'était pas Santini quoi… J'avais pas mes repères, j'avais rien ». Pas facile pour un remplaçant habituel d'être parachuté titulaire dans une affiche de cette importance… C'est seulement après cette action allemande que l'ancien attaquant se souvient d'être rentré dans son match.
Jacques Santini en 1976
Cela fait en tout cas une grosse opportunité de chaque côté lorsqu'arrive la 39e minute. Décalé sur l'aile, Christian Sarramagna s'adresse à un centre parfait vers Jacques Santini, bien placé au premier poteau. Celui-ci se souvient parfaitement de ce moment. « Comme Christian avait [de] la puissance, je savais qu'il allait la mettre là, donc j'arrive […] je coupe les lignes du Bayern ». Santini propulse une tête puissante vers la cage allemande. À nouveau, Maier est battu. Mais une fois encore, il est sauvé par sa transversale. « Ouais, sur un perdu , dira plus tard Bathenay, sur un tiré sur les poteaux carrés. Mais qui s'en souviendrait si on avait marqué ? » Comme son ancien coéquipier, Santini ne croit pas en la supposée malédiction des poteaux carrés des Verts. Cela fait malgré tout deux barres à zéro pour Saint-Étienne à la mi-temps. Malheureusement, sa chance est bien passée.
Sur un coup franc, le Bayern fait la différence et conserve sa couronne
En deuxième mi-temps, les coéquipiers de Jean-Michel Larqué continuent de pousser. Oswaldo Piazza se lance même dans quelques montées rageuses dont il a le secret. Par la suite, sur un centre de Patrick Revelli, c'est Sarramagna qui place une tête qui frôle le poteau gauche du mais adverse. Mais le coffre-fort bavarois ne cède pas.
Si, des souvenirs de Christian Lopez, l'équipe forézienne « n'a pas de réussite » ce jour-là, c'est peut-être parce que les dieux du foot avaient déjà choisi les Allemands. 57e minute. En malin qu'il est, Gerd Müller obtient un coup-franc discutable sur une charge de Piazza devant la surface. Beckenbauer le joue rapidement en décalant Roth. La frappe sèche du germanique transperce le mur vert et trompe Curkovic. Le Bayern en prend l'avantage. Il ne le lâchera plus.
Pour « Jeannot » Lopez, « Les Allemands ont marqué et après le match était fini ». Néanmoins, Saint-Étienne essaie encore et continue d'attaquer. Alors que les minutes s'égrènent et que la fin du match approche, Herbin abat sa dernière carte en lançant Dominique Rocheteau. Au bout de quelques chevauchées, l'avant-centre stéphanois fait passer des sueurs froides dans l'arrière-garde allemande. À la dernière minute, il transperce encore une fois la défense en effaçant trois adversaires, avant de décaler sur la gauche Patrick Revelli. La frappe de ce dernier, écrasée, est stoppée par Maier. 1-0 pour le Bayern Munich. Inconsolable, Santini est en pleurs sur la pelouse. Encore aujourd'hui, pour lui, « il ne nous a pas manqué grand-chose » pour gagner cette finale. C'est pourtant bien Franz Beckenbauer qui part soulever la coupe aux grandes oreilles…
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La fin d'une épopée entre tristesse et apothéose
Pour de nombreux observateurs, une défaite injuste
Alors, qu'est-ce qui prédomine pour les acteurs de cette épopée au final si cruel ? Évidemment, de la tromperie. Et une certaine forme de fatalisme. Comme le pense Christian Lopez, « nous, on a des occasions, des occasions nettes, et si on a la réussite ce jour-là, on leur en met trois ». Dominique Bathenay relève malgré tout que si Sainté a fait « un très grand match , […] c'était quand même relativement équilibré ». Autrement dit, tout ne peut pas se reprendre à la malédiction des poteaux carrés, qui trônent d'ailleurs au cœur du Musée des Verts depuis 2013. Du côté du Nordiste Synaeghel, l'ASSE « peut peut-être s'en vouloir un peu » avec ces belles occasions manquées. « On peut être frustré quand même », concède-t-il aussi. Le capitaine Jean-Michel Larqué résume bien son sentiment : « On a fait un bon match. Pour battre le Bayern qui avait dans ses rangs la moitié de l'équipe d'Allemagne championne du monde, il aurait fallu faire un très bon match. Il aurait fallu qu'on soit meilleur. [Sans les blessures des trois joueurs], peut-être que ça aurait suffi… »
Enfin, pour Gérard Janvion, « Je crois qu'on a rivalisé avec le Bayern et on mérite de gagner. D'ailleurs, le capitaine Franz Beckenbauer, il l'a reconnu. Il l'a dit ». C'est tout à fait vrai. Après la rencontre, le meilleur défenseur de l'histoire confie : « Saint-Étienne n'est pas chanceux. Il a bien joué. Il a eu de belles occasions, il aurait pu marquer et gagner cette finale. […] Saint-Étienne est devenue une équipe de pointe en Europe. Elle est désormais chez les grands ».
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Du côté de la presse européenne, l’analyse est encore plus tranchée, saluant la performance de la formation tricolore. Ainsi, le quotidien espagnol Marca juge que « ce n'est pas le meilleur qui a gagné ». Les journaux britanniques tirent également de concert. Pour The Sun, « Le Bayern vole la Coupe aux Français » alors que la finale a pris la forme d'« un larcin » selon la presse écossaise.
Au retour en France, le triomphe des Champs-Élysées pour les Verts
Après toutes ces années, Dominique Bathenay relativise. « C'est dommage que ça ne soit pas passé. C'est dommage. Oui, on ne fait pas l'histoire, mais on est quand même rentré dans le cœur des gens, donc c'est bien ». Pour Larqué, « c'était déjà exceptionnel qu'un club français arrive là ! Ce que l'on a fait avec les moyens du football français, c'est exceptionnel ».
C'est en effet au retour en France que les Stéphanois se rendent vraiment compte de l'impact qu'a eu leurs exploits européens et leur fabuleux parcours. Car au lieu d'aller jusqu'à Saint-Étienne, leur avion atterrit à Paris. Au programme, organisé au dernier moment, la descente des Champs-Élysées. Puis la réception de l'équipe par le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, rien que ça ! Fantastique honneur pour une formation qui vient pourtant d'être battue…
Le long de la plus belle avenue du monde, ce sont 100 000 supporters verts qui se massent pour témoigner de leur amour et de leur reconnaissance pour ces joueurs à part. Gérard Janvion s'en souvient très bien. « On s'est donné , raconte-t-il, on a fait honneur à la France… Eh bien [les Français] sont venus nous rendre hommage ».
Cette formidable ovation aux cris des « On a gagné », les Stéphanois n'y étaient pas préparés. Dominique Bathenay porte un regard à la fois amusé et ému sur cette aventure.
« Donc ça a pris tout le monde , explique-t-il. Nous, on était là. Ouais, c'est bien, mais on se demande ce qu'on fout là quoi. Et on est allé voir le président de la République, enfin on avait perdu quand même . […] On est quand même la seule équipe à avoir perdu et à descendre les Champs-Élysées ».
Finalement, entre le souvenir de la défaite et celui de cet hommage invraisemblable, le choix de Dominique Bathenay est fait. « C'est ça le plus beau » affirme-t-il : le fait d'avoir marqué à vie plusieurs générations de passionnés. C'est peut-être encore Capitaine Larqué qui en parle le mieux : « Expliquer pourquoi ça fonctionne entre un Yougoslave taciturne, un Argentin expansif, un Ch'ti timide, un Basque pas très bondissant et un Béarnais soupe au lait ? Personne ne le sait. Ce sont les mystères de la vie de groupe. Grâce à cette équipe de laborieux, plein de gens ont passé des bons moments avec trois tranches de jambon, un saucisson et quelques canettes de bière. Ils ont passé de bons moments avec l'AS Saint-Étienne le mercredi soir à vingt heures trente. Ils étaient au rendez-vous. Apporter du bonheur aux gens, c'est déjà beaucoup ». Voilà sans doute pourquoi les Verts resteront à jamais une équipe à part dans le cœur de tant d'amoureux de football.
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Sommet du parcours de la célèbre épopée des Verts , ce Saint-Étienne-Bayern Munich de 1976 est un hymne à toutes les émotions que procure le football . Passion, espoir, amour, regrets, colère, reconnaissance… Une défaite amère et cruelle qui a empêché l' ASSE de soulever la Coupe d'Europe des Champions , mais qui n'a finalement fait qu'accentuer sa renommée. Avec Le Podcast des Légendes, plongez dans d'autres glorieux souvenirs de grands joueurs et clubs français !