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March 6, 2024

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 3e épisode

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 3e épisode

France - Hongrie (3e épisode)

 

Après cette cuisante défaite face à l'Argentine, Hidalgo mobilisa un maximum d'énergie pour remotiver ses troupes en vue de la dernière rencontre du premier tour et, surtout, persuader l'ensemble de son l'effectif que tout était encore possible. 

Cela faisait déjà quelque temps que le sélectionneur des bleus pressentait un changement profond dans le football moderne, il n'avait peut-être pas été un joueur de classe internationale (une cape en bleu tout de même) mais il avait joué avec le grand Reims et disputé une finale de Coupe d'Europe, assisté à la domination du Real de Madrid, regretté le catenaccio italien, admiré les artistes brésiliens de 70, vu l'éclosion du football total Batave, respecté la puissance du jeu allemand et donc embrassait le football mondial dans son ensemble depuis plus de 25 ans. 

Et justement, il subodorait une évolution, un tournant tactique majeur, un changement radical à opérer. En son for intérieur, c'en était fini du 4-3-3 avec 2 ailiers scotchés sur leurs lignes de touche, écartés sur les ailes, attendant d'improbables ballons. La bataille, dorénavant, se situait, il en était convaincu, au cœur du jeu. Et justement des milieux de terrain, la France en avait pléthore, c'était peut-être le moment ou jamais de mettre en pratique ses idées et ses intuitions et de passer du tableau blanc au rectangle vert.

Coup de Poker d'Hidalgo: Trésor et Platini sur le banc!

Le seul hic se situait au sein de l'effectif car quelques joueurs français et pas des moindres, semblaient profondément abattus, fatigués et/ou amoindris. Trésor, à l'instar de Battiston, était blessé dans sa chair, dans sa tête à cause d'un lutin espiègle Argentin et Platini usé par une saison trop longue où il avait porté à bout de bras l'AS Nancy Lorraine jusqu'à la victoire en Coupe de France. Aussi le sélectionneur français décida-t-il de se passer, purement et simplement, et en même temps, de son capitaine et de son meilleur joueur pour cette rencontre capitale. 

Pure folie d'après son staff, ses conseillers et les suiveurs de tous bords! Mais il tint bon, il jouait sa tête mais ce coup de Jarnac pourrait se révéler payant pour le groupe et la suite de la compétition, il en était convaincu. "Ralliez vous à mon panache blanc" (bleu!) aurait pu être son slogan à l'instar d'Henri IV lors de la bataille d'Evry. Quand il révéla sa composition pour affronter la Hongrie, les journalistes restèrent médusés devant son choix audacieux ("suicidaire" selon les caciques de l'ORTF): 

Baratelli dans les buts (car Bertrand-Demanes blessé) une défense avec Bathenay libéro, Lopez stoppeur, Janvion/Bossis sur les côtés et surtout un milieu à 4 avec Sahnoun, Papi, Michel, Giresse et 2 purs avants centres de métier, Lacombe, Onnis...3 numéros 10, aucun ailier et pas de Platoche, de quoi révolutionner le football hexagonal et même mondial !

Les Bleus jouent leur va-tout habillés par un club de pêcheurs

L'avant match était déjà une sacrée surprise au niveau sportif mais une plus grande encore survint au niveau de l'intendance qui frisa le ridicule et l'amateurisme puisque, lors de l'échauffement, Henri Michel s'approchant d'un Hongrois, vit qu'il portait un maillot blanc : "White ??" lui demanda-t-il ?  "Yes"...et le capitaine français se renseignant auprès des autorités compétentes se rendit compte que les 2 équipes portaient les mêmes couleurs alors que les français devaient jouer en bleu.

Le staff ayant oublié le deuxième jeu de maillots à l'Hôtel, on n'allait tout de même pas disputer un match de coupe du monde torse nu comme des mômes sur un terrain vague de banlieue Cronenbourgeoise ou un pré carré de La Chapelle sur Erdre. Aussi un motard de la police fut-il dépêché toutes sirènes hurlantes pour aller pêcher des équipements au club le plus proche, l'AC Kimberley, et c'est comme cela qu'avec un retard de 40 minutes, une rencontre décisive de coupe du monde put débuter avec des joueurs français affublés de maillots rayés verts et blancs, étriqués, effilochés, usés qui firent se "bidonner" le monde entier...Ridicule !!

Christian Lopez raconte l'anecdote dingue des maillots du match France - Hongrie

Heureusement, le reste ne le fut pas, car si la Hongrie n'était plus la glorieuse équipe des années 50, celle des Puskas, Kocsis, Czibor et si l'on peut imaginer que la motivation des Magyars n'était pas au niveau de leurs adversaires puisque déjà éliminés, on assista tout de même à un sacré récital français. 

C'est tout d'abord Onnis qui, à la 12ème minute, ouvrit le score d'une tête opportuniste après une chevauchée et un centre de Bossis. Puis Giresse doubla la mise d'une pichenette pleine de sang-froid après un double une/deux avec Papi et ce même Bastiais qui encore, d'une frappe à ras de terre trompa le portier Hongrois juste avant la mi-temps. 3-0!

Le plus frappant dans ces 45 premières minutes fut l'équilibre de l'équipe et la domination du milieu de terrain, une partition sans fausse note. Sahnoun cadenassait l'axe central pendant que Michel, Papi, Giresse, parlaient le même football, fait de créativité, collectivité, engagement, solidarité, un véritable régal pour les yeux et ce sentiment que les joueurs se comprenaient, prenaient du plaisir à évoluer ensemble.

 

Au retour des vestiaires, Platini remplaçait Onnis, poste pour poste "surprise du chef" et Guillou prenait la place d'Henri Michel. Mais rien ne changea sur la forme et le fond, le match était à sens unique car même si les Hongrois réduisirent l'écart à la 51 ème minute, les français scorèrent encore 3 fois grâce à Lacombe, Bathenay d'une frappe de mule de 30 mètres et Platini d'un maître coup franc à l'entrée de la surface...6-1 score final.

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Sur le banc on guettait avec impatience le résultat de l'autre rencontre. Et, surprise ! Si l'Italie avait battu l'Argentine 1/0, ce n'était pas suffisant pour les transalpins puisqu'après avoir sorti les calculettes, la France finissait première (...Qui l'eut cru ??...) grâce à une meilleure attaque devant l'Albicéleste qui validait le deuxième ticket du groupe 5. Le rêve pouvait continuer pour cette équipe en plein ascension.

 

Score Final :  France 6 - Hongrie 1

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