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March 28, 2024

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 6e épisode

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 6e épisode

Foot Fiction:  France - Pays Bas 1978, demi-finale de Coupe du Monde

 

Le feu n'était pas encore au vert mais plutôt à l'orange.

Après avoir raté l'occasion en 1958, l'équipe de France avait donc la possibilité, pour la deuxième fois de son histoire, d'accéder à une finale de Coupe du Monde. Une occasion quasi-inenvisageable au début de l'épreuve. Après des années de disette, de vaches maigres, il semblait inconcevable de pouvoir avoir cette opportunité d'accéder au graal footballistique ultime, qui plus est, avec une équipe aussi jeune et inexpérimentée au niveau international.  Encore fallait-il passer la digue néerlandaise, cet obstacle que constituait les Pays-Bas. Le feu n'était pas encore au vert mais plutôt à l'orange.

Face au défi des Oranjes, Hidalgo mise sur la créativité technique de son milieu

Hidalgo avait déjà gagné son pari d'en arriver là, surtout réussi à concerner tout son effectif, n'excluant personne et ne délivrant aucun blanc-seing ou statut privilégié.  Pour contrer le "football total" batave, que faire ? Comment répondre au défi physique de ces tulipes qui ne restaient pas plantés comme des bulbes mais couraient plutôt comme des dératés durant 90 mn et dont l'Ajax avait été la plus illustre "illustration" au début des années 70 ?  Il n'y avait rien à espérer d'une confrontation directe, musclée ou frontale face aux "Oranje mécaniques", l'entraîneur français en était convaincu. Il concoctât donc une équipe basée sur la possession de balle, l'aisance technique, le collectif et la créativité. Face à la cognée, il préféra la plume, un romantisme français à la Chateaubriand, quitte à en payer le prix.

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Réintégrant Baratelli dans les buts, le technicien français forma tout d'abord un duo d'expérience inédit en défense centrale avec Marius Trésor et Henri Michel pour soigner la relance, installa Bathenay, le bûcheron vert en latéral gauche (question puissance et abattage) puis Max Bossis à droite pour son envergure et sa capacité à protéger et à se projeter.

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4 numéros 10 au milieu, 6 au total, le compte est bon?

Quant au milieu de terrain, ce ne fut pas "prudence, mère de sûreté" mais plutôt "risque à tout-va" avec Platini repositionné en n°6, carrément un nouveau poste tactique imaginé par le sélectionneur français. Place au, désormais, milieu défensif ultra technique, "machine à laver" les ballons et capable de délivrer des "caviars beluga" de plus de 35 mètres dans les pieds de ses partenaires.  Juste devant le meilleur joueur français, 3 numéros 10 de métier, avec Guillou, Giresse et Papi censés créer alimenter, eux aussi, les 2 attaquants de devoir, Rocheteau et Lacombe.

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Cela faisait 6 milieux de terrain de métier au coup d'envoi, du jamais vu dans l'histoire du football mondial mais comme aurait dit Herman Hesse "Sur les chemins sans risque, on n'envoie que les faibles".

Le retour de ce Batave de Cruyff!

Du côté Batave, une équipe quasi classique (se dessinait) aux noms toujours aussi "in-orthographiables", "imprononçables", le cauchemar des journalistes et commentateurs franchouillards de tous bords avec Schrijvers, Poortvliet, Van de Kerkhof, ou Neeskens mais la grosse "news" venait d'ailleurs...

Johan Cruyff avait déclaré forfait pour cette Coupe du Monde alors qu'il avait disputé la plupart des matchs de qualif. L’icône néerlandaise avait refusé d’accompagner son équipe en Argentine. Âgé seulement de 31 ans, le magicien du Barça motivait son refus par la dictature en place du général Videla et ses craintes pour sa sécurité personnelle. Mais la reine Juliana, les pétitions de ses compatriotes et l'envie de ses coéquipiers eurent raison de ses craintes et le firent changer d’avis in extremis. Une place dans les 22 lui avait été d'ailleurs réservée, au cas où ! 

C'est donc à la surprise générale qu'on vit débarquer le triple Ballon d'Or (un record qui ne serait sûrement jamais égalé ou battu, n'est-ce-pas?) en provenance d'Amsterdam 48h avant le coup d'envoi. Comme impact psychologique, on ne pouvait rêver mieux, car avec Rensenbrink/Van de Kerkof/Rep, les Hollandais possédaient déjà un des meilleurs trios d'Europe. Avec Maître Johann c'était tout bonnement le quatuor offensif le plus talentueux au Monde.

Les Français dans leurs petits souliers face au retour de l'icône Cruyff?

Du côté tricolore, on était plutôt "sous le niveau de l'amer" car se retrouver face à une légende vivante et ce, à quelques heures d'un match historique pouvait susciter des interrogations. Quels serait le rendement des Platini, Rocheteau ou Giresse qui allaient affronter leur idole ? Timorés/tétanisés ou galvanisés/motivés ?

On n'eut pas trop à patienter car dès les premières minutes on comprit que cette rencontre ne ressemblerait à aucune autre, un match inoubliable nous attendait...

Ce fut tout d'abord (la fusée) Arie Haan qui alluma la première mèche d'un tir surpuissant aux 30 mètres se figeant sous la "barre à 'Telli" dès la 17ème minute, puis Rocheteau qui l'imita en réduisant la marque, à la finition d'un mouvement collectif où pas moins de 9 Bleus touchèrent le cuir. Deux méthodes, deux écoles, sommes toutes différentes mais tout aussi réjouissante pour le plaisir des yeux et du sport.

1-1 à la mi-temps

1-1 à la mi-temps, cela reflétait bien cette première période équilibrée où les Bleus avaient joué sans complexe face à tout de même 7 vice-champions du monde.  Il restait 45mn pour faire la décision...

Les grandes équipes comme les grands joueurs ne meurent jamais, confirmation avec Cruyff qui même s'il n'était plus à son apogée, réussit d'un coup de patte "Johanesque" à marquer à la 62ème minute en reprenant de volée magnifique un centre de Rep.

Il restait un peu moins de 30 mn aux français pour refaire leur retard, aussi Hidalgo tenta-t-il le tout pour le tout, fit entrer Rouyer et Six en attaque à la place de Lacombe et Rocheteau.

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D'un 4/4/2 on virait 3/4/3, l'effet fut immédiat car Platini repositionné avant-centre fit tourner Haan en "bourrique" et tourner Brandts en mode "essorage". C'est tout d'abord Guillou qui d'un lob astucieux réduisit la marque à la 70ème minute et surtout et enfin Giresse qui en "Don Qui Shoote" paracheva cette sublime victoire face aux moulins hollandais d'un tir lumineux précis de 20 mètres propulsant la France en finale..."La terre est bleue comme une orange". Jamais les mots de Paul Eluard avaient sonné si vrais. La France était en Finale de Coupe du Monde pour la première fois de son histoire!

Score final: France 3 - Pays-Bas 2

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