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Nov. 14, 2024

Jeux olympiques 1984 de football : Médaille d'Or pour les Bleus !

Jeux olympiques 1984 de football : Médaille d'Or pour les Bleus !

1984. Une année à inscrire en lettres d’or dans le livre du football français. Avec, point culminant de gloire, la victoire mythique des Bleus de Platini à l’Euro disputé à domicile, bien sûr. Un succès historique ayant injustement relégué au second plan un autre triomphe tricolore lors de cet été étincelant : celui des Jeux olympiques 1984 de football. Non moins grandiose, l’épopée des Bleus olympiques est racontée au Podcast des Légendes par le meilleur buteur du tournoi : l’avant-centre Daniel Xuereb. Pour fêter le 40e anniversaire de ce sacre, revivez le formidable parcours qui a mené l’équipe de France à la médaille d’or des JO 1984.

La formation de l’équipe de France olympique… vers les Jeux olympiques 1984 de football à Los Angeles

Si l’année 1984 résonne comme rarement dans le cœur de tous les amoureux du foot français, c’est grâce à la bande de Platini et d’Hidalgo. Les deux Michel mènent effectivement la France à la gloire en remportant l’Euro 1984 à la maison.

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Mais une troisième figure tricolore du ballon s’évertue, dans le même temps, à créer une autre bande qui ira loin : Henri Michel. Légende du FC Nantes ayant basculé sur le banc, ce dernier est le sélectionneur de l’équipe de France olympique. Une toute nouvelle sélection constituée pour les Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. Car pour cette olympiade, grande première ! C’est la première fois que le tournoi de football est ouvert aux joueurs professionnels, alors qu’il était auparavant réservé au monde amateur.

Alors, la création de ce groupe, « c'est une opportunité pour tous ces joueurs qui sont barrés par de grands joueurs de l'équipe de France ». Voilà ce que rappelle Daniel Xuereb, attaquant phare des années 1980, aussi célèbre par ses buts que par son iconique moustache.

« Cette sélection de l'équipe de France olympique, elle tombe à pic pour nous puisqu'on ne peut plus jouer en espoir parce qu'on est trop vieux et on ne peut pas jouer en équipe de France parce qu’on est barré », Daniel Xuereb.

Henri Michel monte son groupe dès 1982. L’ancien avant-centre du RC Lens se souvient avoir « fait une tournée en Chine magistrale […], et on reste là-bas une quinzaine de jours. On dispute des matchs amicaux pour préparer nos qualifications pour les Jeux olympiques. » Une étape fondatrice pour donner corps et confiance à la formation tricolore. Preuve en est, « avec cette équipe, on est invaincu. On a dû faire une quinzaine de matchs à peu près, je ne sais pas, on n'a jamais perdu. »

Une virée asiatique qui permet ainsi de souder le groupe et de le bonifier en vue des qualifications pour les JO 1984. Xuereb dépeint « une équipe de collègues […], de copains, tous avec beaucoup d'ambition parce qu’on sait que l'étape suivante, ce sera les A ».

Résultat : la France se qualifie brillamment pour le tournoi olympique californien alors que, sur ce parcours préliminaire, « il y avait l'Espagne, la Belgique et l'Allemagne ». Les Bleus sortent premiers de leur poule, invaincus face aux Espagnols et aux Belges, puis jouent leur ticket pour LA en barrage contre les Allemands. Après un nul en France à l’aller (1-1), avec un but de Xuereb, ils arrachent leur qualif en gagnant en terre germanique 1-0. Une réalisation de Guy Lacombe à un quart d’heure du terme permet aux Bleus olympiques de prendre l’avion pour traverser l’Atlantique.

Les Bleus aux JO 1984 de football… d’abord sur la côte est pour un premier tour délicat

Direction Los Angeles pour les Bleus d’Henri Michel et de Daniel Xuereb ? Pas pour l’instant. Car le premier tour du tournoi de football des Jeux olympiques d’été 1984 se déroule sur la côte est des États-Unis. Conséquence pour l’équipe de France, « on n'a pas intégré le village olympique d'entrée ». Elle ne participe pas non plus à la cérémonie d’ouverture et ne peut goûter à l’ambiance festive si enivrante des JO.

Daniel Xuereb avec sa médaille d'or des JO 1984, 40 ans après

Avec sa médaille d'or autour du cou, Daniel Xuereb se souvient des JO 1984. Photo tirée d’une vidéo du Dauphiné Libéré.

La formation tricolore se trouve « à Annapolis, où on a fait tous les barrages qualificatifs pour les phases finales ». À ce moment, « on ne parle pas de médaille d'or, loin de là. […] On veut participer à ces Jeux ». Comme le rappelle Daniel Xuereb, « c'est unique dans une carrière de footballeur ». 

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Première étape, parvenir à sortir du groupe et à se qualifier pour la phase finale olympique. Avec un coup dur d’entrée pour les Français, concernant José Touré. « José Touré, c'était notre stratège […] le Brésilien de notre équipe ». Problème, cet immense « joueur de talent » doit abandonner les siens « dès le premier match. Il s'est fait mal à l'entraînement, il s'est claqué, un claquage musculaire ». Out pour le reste de l’épreuve…

Ensuite, de l’aveu même de Xuereb, « on ne peut pas dire qu'on a fait de grands matchs à ce moment-là ». Preuve en est, l’entrée en lice des joueurs d’Henri Michel contre l’humble Qatar… qui ouvre le score, avant que Patrice Garande n’égalise juste avant la pause. En 2e mi-temps, « Monsieur XU » pense faire le plus dur en mettant la France devant. Mais le Qatar égalise à la dernière minute, pour arracher le nul (2-2). Poussif…

La suite : une courte victoire contre la Norvège (2-1), suivie d’un nouveau nul face au Chili (1-1), qui menait depuis la 9e minute. Rien de très exceptionnel donc, reconnaît l’ancien avant-centre. Pour lui, « C'est […] cette camaraderie qui a fait qu'on s'est bagarré, on a lutté. Ça n'a pas toujours été facile ». Au final, malgré tout, « ça a été suffisant pour se qualifier et pour aller après à Los Angeles ». L’essentiel est fait pour les Bleus.

Un tour final grandiose à Los Angeles : les Bleus olympiques en route vers la gloire

Anecdote qui révèle l’état d’esprit de groupe qui régnait autour de cette formation tricolore olympique : l’hébergement qui les attend en Californie.

« Quand on arrive à Los Angeles, on a tout un immeuble qui nous est réservé aux Français. C'est des appartements avec trois chambres, d'autres avec deux chambres. Et nous, ce qu'on a décidé de faire, c'est de prendre tous les matelas et de les mettre dans le salon et on dort tous à côté les uns les autres. […] Donc, finalement, on a occupé trois appartements et on avait les matelas au sol, à la bonne franquette. […] C'était bien, on se regroupait, on était unis », Daniel Xuereb.

De plus, malgré l’arrivée dans le village olympique, au milieu de l’effervescence et des immenses stars mondiales comme Carl Lewis, « personne n'a fait l'andouille. On est resté concentré sur les matchs parce que […] si tu n’es pas sérieux, là, tu ne vas pas au bout. » Un professionnalisme général qui a concerné tout le monde, à l’exception de… José Touré, blessé. « Lui, par contre, il a fait la fête à Los Angeles, je peux vous le dire, et il nous racontait de partout où il est allé. »

Ainsi, une fois au stade des quarts de finale, l’ambition française a naturellement été revue à la hausse. « Autant au début, on voulait participer à ces jeux, autant en avançant dans la compétition, on a vu que c'était une possibilité pour nous d'aller au bout ». À Los Angeles, comme l’attaquant passé aussi par le PSG ou l’OM le révèle, l’équipe française « était focus sur la médaille ».

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Et ça se voit. En quart, devant les 70 000 spectateurs du Rose Bowl de Pasadena, les Bleus écartent avec autorité l’Égypte, avec un doublé de Daniel Xuereb (2-0). Le « gros morceau » arrive en demi, avec la Yougoslavie. Pour l’attaquant, c’est simple, « c'était la meilleure équipe de ces Jeux olympiques, avec des joueurs haut de gamme ». Parmi eux, de futures stars comme Dragan Stojković ou Borislav Cvetković, co-meilleur buteur du tournoi avec Xuereb. « C’était du très haut niveau ».

Pour autant, les Bleus entrent parfaitement dans leur rencontre et marquent deux fois en 15 minutes (2-0) ! « On avait bien étudié le jeu des Yougoslaves et on a su quand même mettre en évidence nos qualités et on les a fait douter ». Voilà ce qu’explique le célèbre moustachu, qui le concède malgré tout : « On a souffert ». Parce qu'en deuxième mi-temps, les Yougo reviennent puis égalisent à un quart d’heure du terme. « C'était un match techniquement qui était de très haut niveau et on a galéré pour le gagner […] On a passé ce cap difficilement parce qu’on était soudé, parce qu’on avait une équipe de copains, qu'on a bataillé jusqu'à la dernière minute ». Avec un point de bascule qui fait la différence : les Français font « disjoncter » les Yougoslaves, qui finissent le match à neuf. « C'est ça qui nous a fait gagner le match parce qu’on est resté serein, nous. Et eux, ils ont pété un câble et ils se sont fait expulser. Et après, c'était beaucoup plus facile pour nous ». En supériorité numérique, Guy Lacombe redonne l’avantage aux tricolores au cours de la prolongation. Avant une ultime réalisation signée de l’inévitable Xuereb. « C'est le but de la délivrance. Le quatrième but, on sait qu'ils ne pourront plus revenir ». La France l’emporte 4-2 et se qualifie pour la finale des Jeux olympiques 1984 de football.

Xuereb et Brisson avec la médaille d'or des JO 1984 de football

Daniel Xuereb et François Brisson, autre joueur majeur des Bleus lors des Jeux olympiques de 1984 de football. Photo tirée du site mprovence.com (Crédit : DR).

Face au Brésil, l’équipe de France championne olympique de football 1984

Moment historique, la France a une chance unique de remporter la médaille d’or des Jeux olympiques. C’est ce que rappelle Henri Michel à son groupe avant la finale face au Brésil. Le sélectionneur dit aux joueurs que s’ils veulent « rentrer dans l'histoire, il faut gagner parce que les finalistes, on en parle plus ». Un discours qui « nous a motivés suffisamment pour qu'on croque à pleines dents cette finale. On savait qu'on aurait des opportunités », raconte Daniel Xuereb. Pour lui, le Brésil « était une équipe très technique. Mais sur le plan physique, on savait qu'on était supérieur à eux. C'est ce qu'on a démontré. On avait beaucoup de joueurs de devoir dans notre équipe. »

« Finalement c'est en toute logique qu'on l’a emporté avec un but de François Brisson qui s'élève, un but de la tête fantastique, magnifique […] Et puis on avait des joueurs aussi de classe comme [Dominique] Bijotat, des joueurs de devoir comme Jean-Claude Lemoult, une bonne défense avec Philippe Jeannol. On avait des joueurs clés dans chaque ligne, on avait des joueurs qui savaient défendre, qui savaient attaquer, qui savaient aussi prendre du recul, qui savaient calmer le jeu. On avait un joueur comme Guy Lacombe qui parlait beaucoup sur le terrain aussi. Donc tout ça a fait qu’on a réussi le pari de l'emporter », Daniel Xuereb.

Après une première mi-temps clôturée sur un score vierge, les Français trouvent enfin l’ouverture à la 55e sur une belle action collective conclue magistralement par Brisson. Ils enfoncent le clou moins de 5 minutes plus tard, sur une frappe repoussée par le portier brésilien. Daniel Xuereb est alors le plus véloce pour foncer sur cette balle qui traîne dans la surface et la catapulter dans les cages. Le but du sacre ! 2-0 pour la France, championne olympique de football 1984. Henri Michel est porté en triomphe, l’été est bleu ! 

Le résumé de la finale des JO 1984 France-Brésil ici https://www.youtube.com/watch?v=hnSow-5GaVA

Place alors à une fête… de courte durée. « Le soir même de la victoire, le champagne a coulé à flots et on a veillé très tard. Et le lendemain on s'est pavané sur les plages célèbres de Malibu, bien sûr, la tête un peu enfarinée ». Mais c’est tout, alors que le foot français vient de remporter le premier (et seul à ce jour) titre olympique de son histoire. La raison : « On avait le vol le soir même, le lendemain. […] trois jours après, on avait un match de championnat. »

Le retour à la réalité du quotidien se déroule donc sans la moindre coupure, avec une reconnaissance limitée. Certes, Daniel Xuereb se rappellera toute sa vie avoir « été accueilli comme des rois, [avec] le stade plein, des fleurs, des honneurs ». Pour autant, champion olympique ou pas, le championnat reprend immédiatement ses droits, sans aucun passe-droit pour les médaillés d’or. « Ça repartait, la saison elle redémarrait […] On ne se rendait pas compte de l'impact que pouvait avoir une victoire à Los Angeles, parce qu’il y avait eu déjà le Championnat d'Europe. Les médias, ils étaient là, mais ce n'était pas la folie », témoigne l’attaquant. Ses coéquipiers et lui demeurent pourtant de dignes légendes des Bleus olympiques restés dans l’ombre des grands bleus de 1984…

L'équipe de France championne olympique de foot en 1984

L'équipe de France olympique, championne olympique de football 1984. Daniel Xuereb est au dernier rang (debout), en 3e position en partant de la gauche. Photo tirée du site d’Actu.fr (crédits : IconSport). 

Assez méconnue du grand public, l’épopée française victorieuse lors des Jeux olympiques 1984 de football est pourtant illustre. Une aventure humaine remarquable, l’ambiance unique des JO d’été, des joueurs talentueux, des matchs exceptionnels, une magnifique médaille d’or… Quarante ans après, la beauté de cet autre triomphe bleu reste intacte. Sur Le Podcast des Légendes, plongez-vous avec émotion dans d’autres épisodes mythiques de l’histoire du football tricolore.