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Aug. 25, 2023

La Coupe du Monde 1978: Une Aventure Française

Été 1978. L’équipe de France de football, menée par la jeune génération talentueuse symbolisée par Michel Platini, participe à la Coupe du Monde en Argentine. C’est le retour au plus haut niveau pour les Bleus qui n’ont plus disputé une grande compétition depuis douze ans, en 1966. Plus que le parcours sportif de cette formation inexpérimentée et éliminée au premier tour, c’est son expérience sud-américaine qui interpelle aujourd’hui. Grâce aux confidences de plusieurs joueurs de l’époque, comme Maxime Bossis, Didier Six ou Dominique Bathenay, c’est une autre histoire qui ressurgit. Celle d’une compétition jouée sous l’autorité du dictateur Jorge Rafael Videla et marquée par un amateurisme certain côté bleu. Entre appels au boycott d’une édition décriée, tensions et péripéties rocambolesques, Le Podcast des Légendes revient sur la Coupe du Monde 1978 : une aventure française.

Une Coupe du Monde 1978 au pays de la junte militaire

Des pressions sur les bleus pour boycotter le Mondial en Argentine

Tous les quatre ans, la Coupe du Monde de football réunit l’ensemble des passionnés et des amoureux de ce sport universel. En 1978 a lieu la onzième édition d’une compétition créée en 1930. Avec un fait marquant : la participation de l’équipe de France dirigée par Michel Hidalgo. Cela fait douze ans, depuis la World Cup anglaise de 1966, que les Bleus ne s’étaient plus mêlés à l’élite du football international.

Les joueurs français présents sont donc conscients de participer à ce qui est, à l’époque, une rareté. « Ça faisait très longtemps qu’on n’allait pas en Coupe du Monde […] on est content d’être là », confie Dominique Baratelli. Pour l’ancien gardien, son coéquipier défenseur Christian Lopez et tous les autres, le fait d’aller à ce Mondial était déjà une réussite.

 

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Sauf que cette Coupe du Monde 1978 se déroule en Argentine. Depuis 1976, le pays est dirigé d’une main de fer par une junte militaire qui a instauré une féroce dictature. À sa tête, le général Jorge Rafael Videla. Jusqu’en 1983, ce régime et la politique de terreur mise en place sont responsables de la mort ou de la disparition d’environ 30 000 personnes ; de l’exil de millions d’Argentins ; et du déclenchement, en 1982, de la guerre des Malouines avec le Royaume-Uni.

De l’aveu même de Dominique Baratelli, l’ambiance est lourde en Argentine avec cette dictature omniprésente. Juste avant la compétition, un vent de protestation et de contestation se lève même en France. Pour certains politiques et intellectuels, du fait de ce régime politique dictatorial, l’équipe de France ne doit pas participer. Beaucoup appellent au boycott de la compétition. Certains font aussi pression pour que les Français, tout du moins, affichent leur opposition et leur hostilité vis-à-vis de Videla et de sa dictature. 

Qu’en est-il alors dans les rangs des deux-deux bleus ? Que pensent-ils de la situation en Argentine ? L’avant-centre Didier Six en a conscience, « il y avait un régime politique qui était difficile ». Malgré tout, pour lui, la situation était claire : « nous, on s’était qualifié, on voulait y aller ». Même chose pour une large majorité des joueurs. Dominique Bathenay fait remarquer que « on aime bien le boycott en France » et a le même regard que son compère de l’attaque bleue. « Nous, on vient pour jouer ».

En 1978, le discours de la plupart des Bleus n’est pas différent de celui de l’ancien milieu de terrain. Le gardien Jean-Paul Bertrand-Demanes résume la position de ses coéquipiers en invitant à ne pas « mélanger foot et politique ». Michel Platini, la jeune star de l’équipe, se montre également agacé par ces demandes de boycott : « J’irai à la nage à Buenos Aires s’il le faut ». Quant au sélectionneur Michel Hidalgo, il préfère botter en touche : « Nous n’allons pas en Argentine à la rencontre d’un régime, mais d’un peuple ». Jolie langue de bois… Après être parvenus à retrouver la Coupe du Monde, les Bleus ne veulent pas renoncer à leur rêve de la disputer, même sous une dictature.

Une réunion pour parler politique avec Dominique Rocheteau et… Bernard-Henri Lévy

Pourtant, certains sélectionnés Français ont une conscience politique plus aiguisée. Alors que la demande de boycott et la réaction des joueurs déclenchent un gros scandale médiatique en France, ils souhaitent malgré tout faire quelque chose.

C’est le cas, surtout, de Dominique Rocheteau. D’autant plus que la France est tombée dans le groupe de l’Argentine, qu’elle va rencontrer sous les yeux du général Videla. L’attaquant virevoltant de Saint-Étienne organise ainsi, avec le philosophe Bernard-Henri Lévy, une réunion à l’hôtel des Bleus. Tous les joueurs français sont invités à y participer… Seuls Jean-Marc Guillou et Dominique Baratelli rejoignent finalement leur coéquipier. « Moi, ça m’intéressait, je me sentais concerné », explique simplement l’ancien portier. Ils y parlent de la situation politique subie par le peuple argentin, discutent boycott et actes symboliques possibles pour montrer leur désapprobation. Dominique Rocheteau réfléchit à porter un brassard noir pour dénoncer le pouvoir de la junte militaire. Mais, contre « l’Argentine des généraux », comme le formule Dominique Bathenay, il est contraint de renoncer.

Finalement, l’équipe de France refuse de montrer la moindre hostilité face au régime dictatorial en place lors de cette Coupe du Monde 1978. Pour Bathenay, le boycott n’était pas la solution. À ses yeux, grâce au sport, les situations peuvent évoluer et se débloquer dans les pays. 

 

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En ce qui concerne les envies de protestations de Rocheteau, son avis est également tranché. « Dominique, il a le droit de penser ce qu’il voulait, mais il est quand même venu à la Coupe du Monde ». Comme quoi l’envie de participer au jeu reste peut-être plus forte que tout.

Ne restera qu’un seul regret pour « L’Ange Vert », comme il le confiait à l’époque : « Que notre silence ait été perçu comme de l’indifférence ».

 

Affiche appelant à boycotter la Coupe du Monde 1978 en Argentine pour protester contre la dictature militaire

Une compétition teintée d’amateurisme à la mode « La croisière s’amuse » côté français

Un hébergement qui laisse à désirer, entre les Italiens et… les femmes des dirigeants de la fédé

Comme le grand défenseur Maxime Bossis le souligne, participer à la Coupe du Monde 1978, « c’est presque une finalité » pour le camp français. Qu’il s’agisse des joueurs… comme de la fédération.

Les avis et les souvenirs de tous les protagonistes interrogés convergent. Ils témoignent d’une organisation française en Argentine à des années-lumière de l’exigence que nécessite ce type de compétition. « Le Grand Max » parle d’une « préparation un peu d’amateurs » avec « beaucoup d’approximations ». Pour Dominique Baratelli, « on est allé là-bas en bricoleurs, ça n’a pas été préparé ». Dominique Bathenay décrit lui une « fête à la grenouille » tandis que Jean-Paul Bertrand-Demanes confie que ce Mondial, c’était « La croisière s’amuse ». Enfin, Christian Lopez est encore plus sévère. À ses yeux, la délégation française rassemblait « une bande de touristes ». 

 

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Alors, quelles raisons expliquent cette impression d’amateurisme et d’avoir participé à une « colonie de vacances améliorée », comme le dit Maxime Bossis ? Cela commence par le voyage en lui-même vers l’Argentine. Heureux et fiers d’être qualifiés, les Bleus ont le privilège de monter à bord du Concorde pour rejoindre Buenos Aires. Dans l’avion qui est un emblème national, les joueurs font escale à Dakar et Rio de Janeiro avant d’atteindre leur destination.

Avec eux se trouvent les dirigeants de la Fédération française de football, accompagnés de… leurs épouses. Et oui, quelle magnifique occasion de découvrir l’Amérique du Sud !

À leur arrivée, Michel Platini et ses coéquipiers se rendent compte qu’ils sont logés « dans des conditions épouvantables », selon Max Bossis. Ce dernier raconte que les dirigeants et leurs épouses ont investi les plus beaux étages de l’hôtel où ils sont basés, l’Hindu Club. Par contre, les joueurs sont casés dans des chambres de 12 m² à partager à deux pendant trois semaines. Pour Bossis, c’est clair, « on est dans le pigeonnier » avec des lits « pourris ». « J’ai foutu le lit par terre au bout de deux jours pour essayer de trouver une solution », témoigne-t-il encore. De son côté, Didier Six se souvient qu’« on avait plus l’impression d’être dans un grand collège » que dans un hôtel.

Avec cette autre incongruité qui ne facilite pas la tâche aux Bleus : ils partagent leur hôtel avec les joueurs de l’équipe d’Italie… qu’ils rencontrent pour leur entrée dans la compétition ! Les deux formations disposent également d’un seul terrain d’entraînement qu’elles doivent utiliser à tour de rôle. Formidable amateurisme de la Fédération, qui semble tellement inconcevable aujourd’hui… Finalement, comme le résume Max Bossis, « on n’est pas dans les meilleures conditions au départ pour aborder les premiers matchs ».

Un peu de shopping dans Buenos Aires après les entraînements

Si le séjour des Bleus est compliqué « sur le plan logistique », comme le confie Dominique Baratelli, ce n’est pas la seule difficulté à laquelle ils font face pour se préparer. Jean-Paul Bertrand-Demanes raconte que les femmes des dirigeants étaient parfois présentes sur le terrain d’entraînement, où il n’y avait pas de douches. Il est alors arrivé, sur le trajet retour en bus et alors que les joueurs étaient encore en tenue, qu’elles demandent au chauffeur de s’arrêter. Le but : faire un peu de shopping dans les boutiques de Buenos Aires, pour acheter des fringues… Anecdote qui semble inimaginable dans la cadre d’une compétition de haut niveau, mais que confirment plusieurs acteurs de l’époque. « On est un peu dans le flou tout le temps en définitive, dans l’hébergement, dans l’organisation », concède Maxime Bossis.

 

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Une Coupe du Monde 1978 à la mode « La croisière s’amuse » qui s’observe également par l’organisation planifiée après la compétition. Suite à leur élimination au premier tour, les Bleus s’envolent effectivement pour une semaine de vacances au Brésil où ils sont rejoints par les épouses des joueurs. « C’était un peu la récompense de notre qualification pour la Coupe du Monde », explique Dominique Bathenay. Un séjour qui démontre que le but est peut-être de profiter de l’expérience sud-américaine plus qu’autre chose…

Quant à l’amateurisme de la Fédération française et de ses dirigeants, l’ancien joueur des Verts et du PSG y voit des « circonstances atténuantes ». Selon lui, « ils n’avaient peut-être pas non plus les codes » de ce qui se faisait, du fait de la longue absence française des compétitions internationales.

Une aventure française entre tensions et folles péripéties

La « révolte des pinceaux »

L’équipe de France se présente en Argentine en 1978 avec comme équipementier Adidas. À cette époque, l’argent ne coule pas encore à flots dans l’univers du football. Maxime Bossis rappelle qu’il n’y a alors pas de prime de match négociée de manière collective, pour les performances de l’équipe. De plus, « les sponsors nous donnent très peu, et Adidas encore moins ».

La suite, c’est le capitaine des Bleus durant la compétition, le défenseur Marius Trésor, qui le raconte : « Une fois arrivés en Argentine, nous avons appris que les autres sélections percevaient des primes bien plus conséquentes que les nôtres. Nous étions à l’époque deux joueurs à détenir un contrat moral avec Adidas : Henri Michel et moi-même ». Quelques jours avant le premier match des Français face à l’Italie, Trésor est donc chargé d’aller négocier avec Adidas une revalorisation des primes. Selon Max Bossis, cela représentait « quelques centaines d’euros, on va dire ». Mais le représentant d’Adidas, l’ancien international François Remetter, refuse de donner suite à cette requête. « On demande une petite rallonge pour le fait de dire “allez, on va à la Coupe du Monde”, Adidas est déjà très riche, on nous refuse », observe avec amertume le défenseur.

De plus, les joueurs français avaient chacun un petit pot de peinture blanche avec une tâche à remplir avant de rentrer sur la pelouse pour affronter les Italiens. Laquelle ? Repasser de blanc les trois bandes iconiques d’Adidas pour que l’emblème de la marque soit bien visible à la télé. Mais face au refus auquel ils ont été confrontés, les Bleus réagissent de façon collective, ce qui prend la forme de la « révolte des pinceaux ». Dominique Bathenay raconte qu’« au lieu de les peindre en blanc », c’est du cirage et de la peinture noire que les joueurs appliquent sur les trois bandes. L’objectif : qu’elles ne soient pas discernables. Cet effacement des bandes, c’était « pour dire qu’en définitive on joue pour rien », complète Max Bossis.

La rencontre face à l’Italie démarre comme dans un rêve. Au bout de 38 petites secondes de jeu et un débordement supersonique de Didier Six, Bernard Lacombe ouvre le score. Pendant longtemps, on crut, à tort, qu’il s’agissait du but le plus rapide de l’histoire du Mondial, alors que le Tchécoslovaque Vaclav Masek avait inscrit un but après 15 secondes lors du match du 1er tour de la Coupe du Monde au Chili en 1962 contre le Mexique. Hakan Sükür mettra tout le monde d’accord en 2002 en marquant après à peine 11 secondes de jeu contre la Corée du Sud lors du match de la 3ème place.

 

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Mais c’est un but en trompe-l’œil, car les Français passent finalement à côté de leur match et sont battus 2-1. C’est seulement après que l’histoire de la « révolte des pinceaux » éclate au grand jour. Et elle va faire grand bruit. Bathenay confirme que « c’est le scandale dans toute la France », avec des joueurs qui sont vus comme des enfants capricieux pourris gâtés. Selon lui, les Bleus sont même qualifiés de traîtres qui seraient bons à fusiller. Version confirmée par Bossis qui raconte qu’à la télé se disait « qu’on avait trahi la France en effaçant nos bandes ».

 

France - Italie, un match qui n'avait pas été préparé dans les meilleurs conditions

Victimes d’un arbitrage maison contre l’Argentine 

Pour son second rendez-vous, la France défie l’Argentine sur ses terres, sous les yeux de son dictateur tout puissant. « Là, vraiment, raconte encore le défenseur, on a vu ce que c’était un match de Coupe du Monde avec une ambiance incroyable. Quatre-vingt mille personnes, les petits papiers papelitos en blanc et bleu qui sont descendus au moment des hymnes, tous les spectateurs […] c’était incroyable ». Pour le gardien Jean-Paul Bertrand-Demanes, l’avant-match est sa « plus grosse émotion sur un terrain de foot ». Il se souvient comment les vestiaires du stade de Buenos Aires, le Monumental de River Plate, étaient en « souterrain », fermés par « une grosse plaque métallique ». Cela obligeait les joueurs « à monter des escaliers [...] pour rentrer sur le terrain ».  Il raconte :

« Avec Marius Trésor on avait commencé à monter les marches, on était juste à hauteur de la plaque en béton et on entendait un bruit, comme s'il y avait deux Boeing 747 qui décollaient à côté. La trappe s'est ouverte et avec Marius [...] on a regardé devant nous.  C'était un mur, on ne voyait pas le ciel, c'était un mur de spectateurs! [Les Argentins] lançaient les paperos [papelitos], tout ça en gueulant “Argentina Ahhh!” Il y avait cent mille personnes. Et là, on s'est regardé avec Marius. Et je crois que si on nous avait dit “ on n'y va pas”, on n’y serait pas allé (rires) ».

Cette rencontre est d’autant plus fantastique que les petits Français résistent magnifiquement à l’ogre argentin… Jusqu’à un pénalty « un petit peu discutable », d’après Didier Six, sifflé pour les Sud-Américains. Christian Lopez est plus cash : sur ce coup, les Bleus se sont fait « voler ». La cause : une main dans la surface de Marius Trésor, qui touche le cuir alors qu’il est au sol en train de tacler très proprement un adversaire. Comme le rappelle Jean-Paul Bertrand-Demanes, à l’époque, ce sont uniquement les mains intentionnelles qui doivent être sifflées. Celle-ci, clairement, ne l’est pas. Pourtant, l’arbitre désigne le point de pénalty et l’Argentine prend l’avantage. Elle remporte finalement la partie (2-1).

Aujourd’hui encore, les Français demeurent fatalistes sur l’issue de cette rencontre que cette décision arbitrale controversée leur a fait perdre. « On sent bien qu’on est volé, mais on s’en doutait un peu pour ne rien […] cacher », révèle Max Bossis. Pour le défenseur nantais comme pour Jean-Paul Bertrand-Demanes, « il fallait qu’ils aillent en finale » et « tout était fait pour que l’Argentine remporte cette Coupe du Monde ». C’est effectivement ce qui se passera quelques semaines plus tard.

Un match marqué aussi par la grave blessure du gardien des Bleus. Sur une parade, Bertrand-Demanes heurte violemment son poteau. « Je me suis vraiment fracassé », avoue-t-il. Il termine la soirée à l’hôpital, couché sur un sol recouvert de terre battue, pour passer des radios. Des médias allemands et espagnols annoncent même sa mort ! 

 

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Le gardien est remplacé au pied levé par Baratelli qui, malgré un bon match, doit s’incliner sur une frappe lointaine de Luque a un quart d’heure de la fin. Bertrand-Demanes admet que certains observateurs avaient remarqué que lui, par sa grande taille, aurait peut-être arrêté ce tir sur lequel Baratelli est un peu court. Fataliste, il conclut: « on peut dire ce qu'on veut de toute façon, les Argentins, il fallait qu'ils gagnent ».

 

Daniel Passarella avant de tirer son pénalty contre les Bleus pour égaliser

Avec les maillots à rayures vertes et blanches d’un club local face à la Hongrie

Dernière anecdote à peine croyable pour cette aventure française lors de la Coupe du Monde 1978, pour son dernier match face à la Hongrie. Celle-ci démontre parfaitement à quel point l’amateurisme était de mise côté bleu à cette époque. Juste avant la rencontre, disputée à 400 km de leur hôtel, on se rend compte que les Hongrois vont jouer en blanc. Problème, l’intendant des Français n’a emporté avec lui que les tenues blanches !

Timbre hongrois de France - Hongrie de la Coupe du Monde 1978

 

Celui-ci est en fait passé à côté de la dernière circulaire de la FIFA indiquant que l’équipe de France devrait jouer en bleu. « Tout le monde était affolé, se souvient Dominique Bathenay, parce que, bon, à l’époque […] les horaires, pour la télévision, c’était important ». En tort, l’encadrement des Bleus, dans l’urgence, est obligé de trouver un autre jeu de maillots. 

Avec trois quarts d’heure de retard, lorsque retentit la Marseillaise, Christian Lopez se souvient d’avoir remonté bien jusqu’en haut sa veste de survêtement pour cacher cette honte de devoir porter un maillot sans aucun coq sur la poitrine… « Dans les vestiaires, on a attendu avant d'aller s'échauffer… quand on nous amène ces maillots qui étaient troués sous les manches, déchirés…[...] C’était la honte ». C’est une tunique rayée de vert et de blanc que revêtent les Bleus ce jour-là, celle d’un petit club local de pêcheurs, le Club Atlético Kimberley.

« C’est folklorique », s’amuse Dominique Baratelli, qui dispute cette rencontre finalement gagnée 3-1 par des Français déjà éliminés. Maxime Bossis résume très bien cette dernière folle péripétie d’une drôle d’aventure pour l’équipe de France lors du Mondial 1978. Pour lui, c’est « un truc comme il ne se passe jamais nulle part dans aucune Coupe du Monde. […] Voilà, c’était nous… » Les images du onze tricolore affublé de ces maillots verts et blancs ont fait le tour du monde. Aujourd’hui, elles sont entrées dans l’histoire des Bleus comme de celle de l’épreuve reine du football.

La France joue contre la Hongrie avec des maillots rayés bleus et verts

Lors de la Coupe du Monde 1978, l’équipe de France est lancée dans une drôle d’aventure, comme rarement elle l’a vécue dans son histoire. Des demandes de boycott à la « révolte des pinceaux », de l’hôtel partagé avec les Italiens aux maillots contre la Hongrie, nombreuses sont les anecdotes qui en témoignent. Cette compétition reste aussi marquée par un amateurisme étonnant mais révélateur d’une autre époque. Sans nul doute, cette expérience parfois rocambolesque a permis, par la suite, de construire de magnifiques succès pour le football français. Retrouvez-en le récit grâce aux entretiens du Podcast des Légendes



Article rédigé par Johann Sonneck, rédacteur web SEO professionnel à partir des épisodes du Podcast des Légendes mentionnés dans l’article.

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