Didier Six

 

 
 

“Les pénaltys… Moi, j'ai dit non parce que j'étais blessé, parce que j'avais pris un coup, et j'étais en train de me soigner. Et je dis non à Michel. Et lui, il revient, il me dit : "Il me faut un cinquième". Il y a 120 minutes de jeu et j'avais pris un coup avec Schumacher en première mi-temps qui me faisait mal. Je ne vais pas tirer le penalty. Pour finir, Michel est venu me voir. Je lui ai dit : "Mets-moi, mets-moi dans la liste." Voilà, ça s'est passé comme ça. Le penalty, je ne rate pas complètement. Mais pourquoi je n'ai pas fait comme la veille quand on a été devant le but pour s'entraîner aux penaltys où j’ai frappé très fort. Pourquoi ? Je ne sais pas. Si j'avais mis plus fort, peut-être qu’on aurait gagné cette Coupe.”

— Didier Six

 

Le Podcast des Légendes : Bonjour à toutes et à tous. Bienvenue dans ce nouvel épisode du Podcast des Légendes, consacré à Didier Six. On a parlé lors de la première partie de l'épisode précédent, ces débuts de sa carrière en club et du Mondial argentin 1978. Là, nous allons consacrer cette deuxième partie à la Coupe du monde 1982 avec bien entendu Seville, mais aussi de la suite de sa carrière avec, entre autres, son passage à Galatasaray.

 

Le Podcast des Légendes : Coupe du monde 1982, premier match contre l'Angleterre. Tu joues jusqu'à la fin du match. On rentre dans les 20 dernières minutes ?

Didier Six : Dans les 25 dernières minutes, oui.

Le Podcast des Légendes : Donc c'est un match où apparemment, ça n'a pas été très bien préparé. Il faisait très chaud. Vous êtes, je crois que c'est à Bilbao ?

Didier Six : Bilbao, il faisait 45 degrés sur le terrain. Donc vraiment, ce n’est pas qu'on n'était pas bien préparé. C'est qu’on a appris beaucoup de choses petit à petit sur ce match. Par exemple, on rentre à la mi-temps, les Anglais, la première chose qu'ils ont fait, ils ont pris une douche. Nous, on est assis, on n'a pas pris de douche. Peut-être que c'est ça qui a mis le plus pour les Anglais. On prend un but aussi au bout de quelques secondes de jeu. C'est difficile, c'est difficile de… Premier match, on joue contre la plus grosse équipe…  et d'avoir au bout de quelques secondes, perdre 1 à 0. Malgré ça, on a continué à jouer notre jeu.

Le Podcast des Légendes : Alors justement, Jean-Luc Ettori, il nous disait qu'après le premier match, tout le monde avait un peu pris conscience que bon voilà, c'était juste un raté. Il n'y avait pas vraiment de défaitiste ou quoi que ce soit. Le deuxième match, c'est contre le Koweït avec cet épisode un peu abracadabrantesque de l'Émir qui descend sur le terrain, qui fait annuler le but. Alors toi, tu marques un but splendide.  La France gagne 4 à 1. Là, tu joues le match. Tu joues les 90 minutes. Quel est l’état d'esprit là ?

Didier Six : L'avantage, c'est qu’on plante 4 buts. Donc ça nous met une confiance supplémentaire.

Le Podcast des Légendes : Donc le dernier contre la Tchécoslovaquie. Tu joues, tu marques de nouveau.

Didier Six : Oui. C'est un match très difficile. La Tchécoslovaque avait loupé de très peu la Coupe du monde. Et donc, c'est une équipe qui avait un potentiel défensif énorme. Ce match de là, on doit le gagner 4 à 2. On a été aussi maladroit sur certaines actions.

Le Podcast des Légendes : Après ces quelques matchs de l'équipe de France, quelle est la force de cette équipe ?

Didier Six : Une confiance prise. Le fait d'être bien ensemble. Une confiance qui s'est accrue. Le fait qu'on se retrouve.

Le Podcast des Légendes : Ça fait quand même un petit moment que tu es dans cette équipe. Il y a eu cette image que Hidalgo était quelqu'un qui consultait beaucoup les caciques. Que ce soit Marius Trésor, Platini, au niveau tactique, ou Bossis. Est-ce que toi, tu faisais partie un peu de ce conseil des sages ?

Didier Six : Oui. De temps en temps, oui. Hidalgo, il parlait avec nous. Ne pas oublier que contre Irlande, Platini a pris un coup, il ne joue pas. Donc il faut les pions, mais c'est un match qualificatif. Dans la tête, si Platini ne joue pas ce match, Hidalgo avait dans la tête que le prochain match, Michel serait là pour la qualification.

Le Podcast des Légendes : Et donc la France bat l’Irlande 4 à 1. Pareil, tu joues la dernière demi-heure. Là du coup, c'est les demi-finales de coupe du monde, donc première demi-finale depuis 1958. Alors pour revenir un petit peu en arrière, Jean-Luc Ettori, sur le programme, il y a eu des milliards d'articles, d'émissions, de podcasts qui ont été écrits sur ce match. Une des problématiques, c'était le gardien. Est-ce qu'il y avait un débat en interne ? Toi, tu faisais partie du conseil des sages pour choisir le gardien titulaire pendant la Coupe du monde ?

Didier Six : Non, il n'y a pas de débat en interne. Non. Il y avait un sélectionneur qui était là pour mettre son équipe en place. À l'entraînement, les trois gardiens qui étaient à l'entraînement montraient qu'ils avaient envie et qu’ils pouvaient être là. Il y a eu un choix à faire, Michel a fait son choix. Après c'est facile. On aime critiquer, on aime mettre des points négatifs. Moi, je ne sais pas. Je n'ai pas ressenti une faiblesse en mettant X ou Y.

Le Podcast des Légendes : D'accord. Le match d’après Ettori, c’est une bonne demi-finale. Il arrête même un penalty allemand. Je crois que c'est le seul gardien à avoir arrêté un penalty allemand.

Didier Six : Sur le but de Littbarski, il n'a pas vraiment de cul parce que ce ballon passait de rien.

Le Podcast des Légendes : Tu joues, tu es titulaire contre l'Allemagne. Est-ce que pour toi, c'est un aspect un peu particulier puisque tu joues à Stuttgart à ce moment-là depuis un an ? Quelles informations tu donnes aux autres joueurs de l'équipe de France ?

Didier Six : Avant tout, c'était de jouer notre collectif contre l'ogre allemand qui…

Le Podcast des Légendes : Est-ce que tu parlais allemands à ce moment-là ou pas, Didier ? Est-ce que tu parlais allemands à ce moment-là ?

Didier Six : Oui.

Le Podcast des Légendes : Donc tu étais capable de comprendre ce qu'ils racontent.

Didier Six : Dans le match, j'avais une mission importante que m’avait posée Michel Hidalgo, c’était d’empêcher Manni Kaltz de monter et de centrer.

Le Podcast des Légendes : D'accord. Comment tu as fait ça justement ?

Didier Six : Il a fait un centre sur le match. On a souvent discuté après avec Manni sur le truc. Il m'a dit : "Tu m’as fait chier pendant tout le match."  Mais c'est parce que c'était un mec adorable. C'est un mec adorable Manni. Et donc, contre les Allemands, il fallait aussi libérer Michel Platini du marquage qu'ils voulaient lui mettre. Donc pour ça, pour que Michel puisse exploiter toute la magie qu'il a en lui. Et donc, il y a eu des choix tactiques à mettre en place par rapport à des phases défensives.

Le Podcast des Légendes : Est-ce qu'il y avait une causerie tactique avant le match poussé d'Hidalgo ?

Didier Six : Oui, on a mis en place toute notre stratégie tout en pensant bien que notre meilleure stratégie, c'était de jouer notre jeu et de les…

Le Podcast des Légendes : Et de ne pas s’adapter au leur.

Didier Six : De ne pas jouer seulement sur une phase contre les Allemands.

Le Podcast des Légendes : Et donc, pour nos auditeurs. Pour l'auditeur qui n'est pas familier avec ce match. Les Allemands marque 1 à 0. Égalisation sur penalty. Tirs d’Amoros sur la barre à 3 secondes de la fin. Prolongations. Alors je ne parle même pas de l'épisode de Battiston.

Didier Six : Sur le tir d'Amoros, le ballon me revient et je reprends le volet. Elle passe à quelques centimètres au-dessus de la barre.

Le Podcast des Légendes :  Est-ce que tu en as marre de parler de ce match dont on te parle tout le temps ?

Didier Six : Non. Ça fait partie de ma vie. C'est comme si tu me dis : "Tu n'en as pas marre de signer des autographes ?"  Je dis : "Moi, 40 ans après, 50 ans après de…" Peut-être que si ça se ne passait pas comme ça, peut-être que je serai aigri. Et là, je ne me sens pas du tout aigri. Au contraire, il y a des choses qui ont été écrites, resteront écrites, même s'il s'est passé, 1998, même s’il s'est passé la dernière Coupe du monde. Ça n'a rien à voir. On restera une belle époque et une belle équipe durant ces dix ans qu’on a joué ensemble.

Le Podcast des Légendes :  Quand tu penses à ce match, quelles sont les images qui te reviennent ?

Didier Six : Obligatoirement, les penaltys. Pourquoi ? Au lieu de, le penalty, je ne le rate pas complètement. Il y a qui arrête aussi. Mais pourquoi je n'ai pas fait comme la veille quand on a été devant le but pour s'entraîner aux penaltys, où j'ai frappé très fort. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il y a 120 minutes de jeu et j’étais… J'avais pris un coup avec Schumacher en première mi-temps qui faisait, qui me faisait mal. Je ne vais pas tirer le penalty. Pour finir, Michel est venu me voir. Je lui ai dit : "Mets-moi, mets-moi dans la liste." Voilà, ça s'est passé comme ça.

Le Podcast des Légendes : Comment ça s'est passé justement, la décision des tireurs de penalty ? Comment ça se choisit à ce moment-là ? Il y a 120 minutes, il y a quand même beaucoup de pression. Comment ça se passe ?

Didier Six : Il y en a certains qui ne veulent pas. Moi, je ne vais pas donner les noms, mais moi j'étais… 

Le Podcast des Légendes : Il y a prescription…

Didier Six : Non, non, ce n’est pas prescription. Ce sont des potes. Ce sont des potes avant tout. Et c'est peut-être, moi, j'avais dit non. Ouais, parce que j'étais blessé, parce que j'avais pris un coup et j'étais en train de me soigner. Et je dis non à Michel. Et lui, il revient, il me dit : "Il me faut un cinquième."

Le Podcast des Légendes : Ouais. Donc toi, il manquait un joueur. Et donc c'est toi, tu dis finalement, tu dis oui ?

Didier Six : Finalement, je dis : "Mets-moi sur la liste."

Le Podcast des Légendes : Alors, il y avait eu un petit débat, alors j'espère que tu peux le trancher. Comme quoi à la base, Hidalgo t'avait dit : "tu serais cinquième".

Didier Six : Cinquième.

Le Podcast des Légendes : Il t’a mis quatrième.

Didier Six : Et pour finir, je dis cinquième, et on me dit : "c'est à toi de…", l'arbitre, il me dit : "c’est à vous. "

Le Podcast des Légendes : Alors, c’est l’arbitre ? Pourquoi il dit ça l'arbitre ? Parce qu'il avait des consignes comme quoi t'es le quatrième ou je ne sais pas.

Didier Six : Non, il a un truc avec les noms.

Le Podcast des Légendes : Donc, finalement Michel Hidalgo a changé d'avis et il t'a mis quatrième.

Didier Six : Je ne sais pas.

Le Podcast des Légendes : Et là quand tu apprends que tu es quatrième, c'est quoi ton état d'esprit ?

Didier Six : Ça va vite, ça passe très vite. Tu vas pour tirer.

Le Podcast des Légendes : Donc tu ne te poses pas de question ?

Didier Six : Ça fait chier quelque part parce que... Le cinquième penalty n'était pas obligatoirement, celui que j'aurais dû tirer. C'est-à-dire le cinquième penalty soit qu'on est éliminé ou soit qu'on peut passer, avant le cinquième.

Le Podcast des Légendes : Disons que ça ne te met pas dans les meilleures dispositions.

Didier Six : Oui, ça, c'est se chercher des excuses. Il était raté, il est raté ! C'est de chercher des excuses. Il n'y a pas à chercher des excuses. Si j'avais mis plus fort, peut-être qu’on aurait gagné cette Coupe du monde. Pourquoi je ne voulais pas tirer aussi ? C'est que moi, je vis en Allemagne. Vous avez deux mecs qui étaient là, trois mecs avec Hansi Müller. Karl-Heinz, Hansi Muller, Bernd Foster, Karl-Heinz Foster. Quatre mecs, ils savaient très bien comment je tirais les penalties.

Le Podcast des Légendes : Bien sûr. Bien sûr, parce que toi, tu connaissais ces Allemands-là, mais l'inverse est vrai. L'inverse, c’est vrai. Alors du coup, tu parles un peu avec Jean-Luc avant la séance de tirs au but en lui disant : "voilà, le tel ou tel, je sais comment il va la tirer, etc."

Didier Six : Non, on n'a pas eu le temps.

Le Podcast des Légendes : La première séance de tir au but de l'histoire de la coupe du monde. Il n'y en a pas eu avant. C'est vraiment la toute première séance de tirs au but. Donc, tu tires en quatrième.

Didier Six : Quelle malchance qu'on a eu de ne pas être en, 1982, qu'ils n'aient pas mis les lois de 1998.

Le Podcast des Légendes : Oui, sur le but en or.

Didier Six : Oui, oui. But en or. Le dernier défenseur, déjà Schumacher, il dégage.

Le Podcast des Légendes : Déjà avec un arbitrage différent. Alors effectivement, si on faisait un peu de football fiction avec un arbitre différent, il termine le match à dix, ça c'est une évidence.

Didier Six : Bien sûr, bien sûr.

Le Podcast des Légendes : Et donc, à part la séance, je sais que la séance de tirs au but, c'est quand même énorme. Pour nos auditeurs, je rappelle, tu tires le quatrième tir au but, Schumacher l'arrête. D'ailleurs même pour la petite histoire, les téléspectateurs ne voient pas le tir au but parce qu'il est encore attardé sur le tireur qui a raté. Alors maintenant je sais que pour les amateurs, la FIFA a retrouvé une autre vidéo d'un autre angle où tu peux revoir le penalty. Et donc voilà, le tir a été arrêté par ensuite Schumacher. Ensuite Bossis. Ensuite, ça se joue au coup par coup. Bossis tir et rate. Et Schumacher arrête. Et Hrubesch qui marque le dernier penalty. Et donc Jean-Luc Ettori, c'est marrant parce qu'on parlait avec lui il y a quelques semaines. Et lui, il revit encore, il revit ce dernier penalty. Il se dit encore, il disait lui-même, pour le siter : "Normalement, je l'arrête. Comment j'ai pu ne pas l'arrêter ?" Est-ce que c'est un match que tu revis ? Tu te réveilles en pleine nuit, et tu marques le penalty dans ta tête ou c'est, ou tu as… ?

Didier Six : Non, mais je me dis vraiment : "Tu es un sale con. Pourquoi la veille… à l’entrainement, tu mets des tirs qui rentrent et que là… Qu'est-ce que tu as fait ?" Je m'insulte.

Le Podcast des Légendes : Tu t’insultes. Même maintenant, même cette année ?

Didier Six : Même dans le match, dans les matchs, n'importe quel match. Quand je n'étais pas dans le match, je m’insultais.

Le Podcast des Légendes : C'est quoi ton gros mot favori pour te traiter de, t'insulter ?

Didier Six : Sale con. Je suis un sale con.

Le Podcast des Légendes : Est-ce que, quand tu étais en Allemagne, tu t’insultais en allemand ?

Didier Six : Je dis : "Bouge-toi le cul ! Bouge-toi le cul. Toute la semaine, tu as travaillé pour 90 minutes le dimanche. Et là maintenant, tu risques de passer à travers."

Le Podcast des Légendes : Pour en revenir à cette demi-finale. Qu'est-ce qui, ce que disait pas mal d'observateurs aussi, pas mal de joueurs, c'est qu’il n'y avait pas vraiment de, il n'y avait pas trop de cynique dans cette équipe de France. Michel Platini avait déjà joué en Italie, il avait eu un an de plus sous la semelle, il aurait pu être un peu plus cynique par rapport aux Allemands, par rapport comment défendre à 3 à 1, ou comment gérer un arbitrage qui était quand même catastrophique. Est-ce que ça fait partie de ta vision du match ?

Didier Six : Le match, on l’a joué comme il le fallait. On a joué contre une équipe qui était une des meilleures équipes du monde à cette époque-là. On ne va pas recherchez quelque chose. Il y a une dramaturgie sur ce match qu'on n'a jamais revu dans le football, même sur la dernière finale France - Argentine. On n'a pas eu 70 minutes, on a joué.  Sur ce match, on a fait tout ce qui était à faire, on a tout donné. Et ce jour-là, le fait d'être une nation montante n'a pas fait que l'arbitre, nous a donné un avantage et un appui.

Le Podcast des Légendes : Est-ce que toi à 3 à 1, ayant joué en Allemagne, étant, je dirais, peut-être plus familier avec la mentalité allemande. de ne jamais abandonner, en tout cas à l’époque. Est-ce que tu fais partie de ceux qui disent : "Attendez les gars, il faut garder la tête froide." Ou est-ce que vraiment toi aussi, t'es pris dans l'euphorie et tu dis : "ça y est, on va aller, on est en train de les atomiser. La finale, la finale." Voilà. "Ça y est, on arrive en finale".

Didier Six : Quand on est à 3 à 1, il y a certains joueurs. Moi, physiquement, je ne faisais pas partie des 3, 4 qui étaient aux dos. Qui avaient un physique assez important, notamment en course. Et donc, il y a certains joueurs qui ont dit : "on est cuit et qu’ils viennent nous aider."  C’est ce que j'ai fait. Ce qu'on a fait.

Le Podcast des Légendes : D'accord.

Didier Six : Mais on a peut-être un peu trop reculé. Peut-être, on a perdu un ou deux ballons qui étaient trop facile, qui nous ont permis de donner le contrôle parce que quand on prend les deux buts, il ne faut pas oublier que c'est nous qui… Nous jouions pour aller devant. Alors qu'on était à trois, alors qu'il aurait peut-être fallu avoir, peut-être un Didier Deschamps qui a ses qualités, mais qui n'est pas un meneur de jeu, mais qui est un meneur d'hommes et qui lui aurait mis un coup de gueule.

Le Podcast des Légendes : Je pense que c'est ce que voulait dire Michel Platini. Il disait : "Il aurait bien voulu avoir un ou deux ans en plus en Italie pour être celui qui allait calmer les équipes et restructurer l'équipe dans ce moment un peu fou."

Didier Six : Oui. Mais ça s'est passé tellement vite. Avec la blessure de Battiston tout ça, ça s'est passé tellement vite,

Le Podcast des Légendes : Après le match, comme tu disais, vous avez vraiment donner l'impression d'avoir tout donné. Donc il n’y a pas, effectivement, il y a des regrets, mais il y a quand même cette satisfaction d'avoir joué un match extraordinaire, d'avoir tout mis sur le tapis.

Didier Six : On se rend compte qu'on est passé à côté de la finale. Beaucoup ont pleuré. Ce qui est tout à fait logique.

Le Podcast des Légendes : Toi, ouais, donc justement, émotionnellement, comment tu sors de ça ?

Didier Six : Parce que tu sais que si je marque le pénalty.

Le Podcast des Légendes : C'est une autre histoire.

Didier Six : On est conscient. On est conscient. On a pris l'avion à une heure ou deux heures du matin, mais il était dans l'aéroport en avion pour changer de ville. C'était les époques.

Le Podcast des Légendes : Il paraît que c'est un petit côté cruel. Effectivement, vous allez tout de suite après le match à l'aéroport. Et puis il y a un avion qui va, je crois que c’est à Madrid pour la finale. Et puis un avion qui va, il me semble que c’est Alicante peut-être pour le match de la quatrième place, pour le match de la troisième place. Vous voyez les Allemands, vous revoyez l'arbitre qui paraît-il rigole avec les Allemands. Qu'est-ce que tu ressens personnellement de l'arbitrage ?

Didier Six : Je tiens une équipe montante et que l'Allemagne est une équipe, l'une des meilleures équipes du monde, dans les trois meilleures équipes mondiales. Et que l'avantage a été donné par rapport à la langue. Le hollandais parlait allemands.

Le Podcast des Légendes : Et alors, toi, tu as à peu près trois, quatre collègues qui sont dans l'équipe d'Allemagne. Ils vont te voir ou tu restes seul ? Comment ça se passe avec ?

Didier Six : Karl-Heinz, Bernd Foster, Hansi Muller, ils sont venus me voir.

Le Podcast des Légendes : Et alors, qu'est-ce qu'ils disent ? Tu t'en souviens ou c'est trouble ?

Didier Six : Sincèrement, je m’en souviens…

Le Podcast des Légendes : Parce qu'on a l'image de 2 équipes qui se détestent à la fin du match, etc. Mais en fait, ce n'est pas du tout. Alors il y a effectivement, Schumacher, je pense que tout le monde a envie de trucider. Mais à part lui, il n'y a pas de détestation entre les joueurs. C'est plus, voilà, les guérriers sont fatigués.

Didier Six : On dirait un film avec une dramaturgie. Ça fait partie de, 40 ans après, on en parle encore.

Le Podcast des Légendes : Ouais, ce n'est pas fini d'en parler, je pense. Et donc match pour la troisième place. D'après ce qu'on a compris, c'est que personne n'a envie de jouer. Tout le monde a envie de rentrer chez soi. Le match, alors toi tu joues quand même, tu joues quelques minutes. J'ai l'impression que tout le monde s'en fout un peu de ce dernier match.

Didier Six : C’était un peu logique que Michel fasse jouer les joueurs qui n'étaient pas rentré jusqu'à maintenant.

Le Podcast des Légendes : Et donc quatrième place. Si on vous l'avait dit avant la Coupe du monde, ça aurait été un peu inespérée. J'ai l'impression que, dis-moi si je me trompe, mais évidemment au vu de la demi-finale, il y a quand même des gros regrets. Est-ce qu’à ce moment-là, tu te dis :  "bon, ok, dans 4 ans la Coupe du monde recommence, on va essayer de refaire. " Ou est-ce que tu ne te projettes pas aussi loin ?

Didier Six : Non, on ne se projette pas aussi loin. On avait le Championnat d'Europe qui arrivait. Voilà donc, en plus aux championnats d'Europe, mais pas en Espagne.

Le Podcast des Légendes : Entre temps toi, tu es parti de Stuttgart pour aller à Mulhouse.

Didier Six : J’étais en première division. Il reste 2 points à prendre, il reste 5 matches. Ils n'ont pas pris les 2 points. Et on se retrouve en seconde division. Et il n'y a que 2 joueurs qui ont joué en seconde division et qui sont en équipe de France, c'est Max Bossis et moi.

Le Podcast des Légendes : Max Bossis, Guillaume, Nantes, attention, l’alerte est lancée. Non, mais c'est Max Bossis quand effectivement, il signe au Racine pour aider le Racine.

Didier Six : Oui, il n'y a pas que ça. C'était pour la montée. La signature devenait plus cher. Oui, c'est sûr.

Le Podcast des Légendes : Et donc l'Euro, tu gagnes. Ce sera ta dernière compétition avec l'équipe de France.

Didier Six : C'est la seule blessure que j'ai eue de ma carrière… à Nice.

Le Podcast des Légendes : Mais vu ton jeu, c'est incroyable d'avoir aussi peu de blessures et d’être aussi… Vu ton corps, pour comprendre comment t'as pu faire une carrière aussi, le jeu que tu avais. C'est incroyable. C'est juste incroyable. Je crois que personne ne se rends compte.

Didier Six : Il y a des joueurs qui sont plus ou moins fragiles. Je suis un bosseur.

Le Podcast des Légendes : Bien sûr.

Didier Six : Ça fait partie de ce genre de physiologique qui fait partie de ma réussite en Allemagne.

Le Podcast des Légendes : Et en Angleterre ?

Didier Six : L’Angleterre, je ne voulais pas y aller.

Le Podcast des Légendes : Non ?

Didier Six : Au départ, je ne voulais pas y aller.

Le Podcast des Légendes : Alors qu'est-ce qui t'a décidé ?

Didier Six : C'était parce que l'Angleterre était suspendu de toute compétition européenne. J'étais dans un grand club, un très bon club. Et j'avais deux mois sans. Parce que je suis arrivé à Mulhouse en étant champion d'Europe. Il y avait un entraîneur, il m'a dit : "Tu ne fais pas partie de mes joueurs qui sont sur, que j'ai vu avec le président, alors tu vas t’entrainer avec…"

Le Podcast des Légendes : Alors que, tu as quoi, une cinquantaine de sélection, tu as gagné le championnat d'Europe. Et l'entraîneur te dit ça ?

Didier Six :  Ouais.

Le Podcast des Légendes : Mais c’était qui ? C'est la première fois que ça t'arrive .

Didier Six :  Chercher. C'est votre boulot de chercher.

Le Podcast des Légendes : C'était la première fois que ça t'arrive ? Ça d'être, de renvoyer par un entraîneur.

Didier Six :  On me dit :  "Tu n'es pas sur mes tablettes" alors qu'ils sont en seconde divisions. C'est là que j'ai un ami qui connaissait le président d'Aston Villa et il m'a dit : "Viens passer deux ou trois jours à Aston Villa. " Je lui dis : "Non, je n'y vais pas, je ne vais pas en Angleterre." Et pour finir, j'y vais parce que il m'a dit ils ont programmé un match comme ça, ça permettra d'avoir un match, ça fera du bien. Quand je vais là-bas, j'arrive le dimanche soir. Le mercredi soir, il avait prévu un match. Ça ne collait pas entre Mulhouse et Aston Villa pour le transfert, donc je dis "tant pis, je repars". Le lundi, il me dit  "On a programmé un match. On a programmé un match le mercredi après-midi contre une deuxième division." Là je dis "Il faut que je reste pour avoir au moins un match dans les pattes, ça va me faire du bien."  Voilà, à deux jours près, je reste. Là, on gagne et je suis performant sur les, j'ai l'impression que tous les ballons arrivaient sur le côté gauche. Ils ont dû dire… Donc, à la sortie de ça, le président m’invite à un dîner et il me dit "On te garde. On te garde chez nous." Et j'ai dit "Ok, demain je pars." "Mais non, tu ne repars pas. Tu ne repars pas."

Le Podcast des Légendes : D'accord.

Didier Six :  On a un match samedi, c'était mercredi et moi, je n’avais pas de préparation. C'était le mercredi et il me dit "on a un match le samedi" Il me dit  "on veut que tu joues. "

Le Podcast des Légendes : D'accord.

Didier Six :  Le match de samedi, c'était Manchester United, 37 matchs sans défaite.

Le Podcast des Légendes : D'accord, donc un ogre.

Didier Six :  Et on gagne 3 à 1 et j’ai marqué deux buts sur des centres, on avait un Peter Withe qui était un joueur hors norme de la tête.

Le Podcast des Légendes : Mais t'avais quand même une capacité incroyable de t'intégrer très rapidement dans des équipes.

Didier Six :  Oui, j’ai une adaptation, partout, dans n'importe quel endroit, que ce soit en tant qu'entraîneur ou en tant que joueur.

Le Podcast des Légendes : Et c'est basé sur quelles, pourquoi ? Comment tu juges ça, cette capacité ?

Didier Six :  Je ne sais pas, je suis née comme ça. Je suis comme ça. Avec mes parents, on a pas mal bougé aussi. Donc ça m'a permis aussi d'avoir cette capacité-là. Mais je m'intègre, j’essaie surtout m'intégrer en n'étant pas, en n’amenant pas avec tous mes préjugés. En me disant, ils vivent comment là-bas, ? Comment ça se passe ? Quel est leur loisir ? En Angleterre, j'ai joué la première fois au golf en Angleterre. Ils m'ont amené un sac, ils disent "tu viens avec nous." En Allemagne, il y avait le préjugé hitlérien. Il fallait faire attention à tous les gestes qu'on pouvait faire. Quand j’étais à Galatasaray, c'était des Turques. C’était une faute, en tant que Français, d'aller jouer chez les Turcs, chez les Arabes. Alors que j'ai connu des choses extraordinaires dans tous les endroits où je suis passé.

Le Podcast des Légendes : Et donc tu restes là-bas pendant ?

Didier Six :  J’ai marqué 9, et je m’en allais.

Le Podcast des Légendes : Et donc, quand même sur 16 matchs, c'est quand même pas mal. Et tu ne restes pas. Tu termines la saison et ensuite tu retournes en France, à Metz, puis Strasbourg de nouveau, puis Valenciennes et ensuite Galatasaray. Alors, Galatasaray, c'est un peu ce côté mythique de cette histoire où tu change de nom. Tu prends la nationalité turque. Est-ce que tu peux nous raconter ?

Didier Six :  Les Turcs, il n'y a pas de X, ils ont mis la lettre suivante.

Le Podcast des Légendes : C’est coupé un peu. Donc je vais répéter. Donc tu disais que pour les Turcs, il n'y a pas de X, donc ils ont mis la lettre suivante.

Didier Six :  Comment s'appelle Karl-Heinz Foster en France ? Jean Pierre, je ne sais pas trop quoi. Jean Pierre Foster. Parce que là, il faut jouer pour qu'il y ait beaucoup plus de joueurs qui puissent jouer dans le championnat de France comme le championnat turc. Alors qu'à ce moment-là, il n'y avait que trois étrangers qui pouvaient jouer.

Le Podcast des Légendes : Et donc tu prends… Est-ce que ça se fait naturellement ?

Didier Six :  On était quatre à prendre, à dire oui. Le club nous a demandé, on était quatre à dire oui.

Le Podcast des Légendes : Et donc, c'était assez rapidement et naturellement. Donc ce n'est pas, donc toi, tu n’as pas… c’est vrai que ça a ce petit côté anecdotique. Mais bon, ça a l'air d'être juste une petite étape administrative qui n’a pas l’air si extraordinaire que ça.

Didier Six :  Quand je suis arrivé, ça a mis un mois et demi où j'étais dans les tribunes avant de pouvoir jouer. Et donc je m'entraînais, mais je ne pourrais pas jouer parce qu'il y avait justement ces papiers qui étaient en cours. Et quand ils sont venus, il y avait trois. Il fallait que trois joueurs prennent la nationalité et pour finir, il y en a un quatrième qui moi j'avais aussi.

Le Podcast des Légendes : J'ai l'impression que c'est que des bons souvenirs pour toi à Galatasaray. Est-ce que je ne me trompe ?

Didier Six :  Oui. Galatasaray, c'est une institution. Galatasaray, c'est Saint-Cyr, c'est-à-dire, c'est une école. Ce n'est pas un club de football, c'est une école. Dans l'école, il y a tous les politiques de haut de gamme sortent de Galatasaray souvent. Et dans cette école, il y a le foot. Il y a un club de foot, il y a un club de basket, il y a, non, c'était avec une, comment dire, Fair play, un savoir vivre extraordinaire C'est une école où ils apprennent en français. Je reste un peu plus d'un an et demi. Pourquoi ? Parce qu’il y a Jupp Derwall qui est malade et qui sort. Et c’est Jupp Derwall, l'entraîneur allemand de 1982 qui me fait venir à Galatasaray. Et quand il me fait venir, il dit "viens passer une semaine à la maison" J’y suis allé et pour finir la transaction. La transaction s'est faite et je ne regrette pas parce que j'ai vraiment connu des choses extraordinaires.

Le Podcast des Légendes : En Turquie, à ce moment-là, comment ça se passe ? Il y a le club. Il y a la vie en Turquie. Tu t’adapte bien aussi à la ville turque ?

Didier Six :  Oui, je me suis bien adapté. C’est un beau pays, c'est une belle ville, c'est une belle ville comme ma ville ici. Je suis actuellement Marrakech. C'est une très belle ville. Il y a une histoire dans cette ville. Non, je me suis pris, on jouait la Coupe d'Europe, on a joué le championnat, on a gagné à Galatasaray.

Le Podcast des Légendes : Est-ce que tu regrettes de ne pas y être allé plutôt du coup ? Parce que là tu e es, je crois que tu as 33, 33, 34 ans à ce moment-là.

Didier Six :  Non. Je réfléchis à savoir qui que quoi. C'est une opportunité qui s’est offert, que je ne connaissais pas et que j'ai goûté au départ. Mais après, je me suis aperçu que j'étais dans un monde d'hommes qui était droit. J’avais l’impression... d’une droiture, cet homme extraordinaire.

Le Podcast des Légendes : Tu passes donc un peu plus d'un an et demi. Ensuite tu reviens en France, tu joues Vauban Strasbourg qui a alors poursuivi.

Didier Six :  Parce que l'entraîneur, c'est Duguépéroux. On a joué ensemble à Valenciennes et que ça faisait partie, on jouait en troisième division nationale maintenant. On était à Strasbourg. J’avais ma maison à Strasbourg, j’habite Strasbourg, donc c'était une opportunité qui s'est présentée.

Le Podcast des Légendes : Il y a une grosse histoire avec la Turquie, mais aussi une petite histoire d'amour avec avec l'Alsace. J'ai l'impression avec Strasbourg. Tu as deux piges à Strasbourg, une petite pige à Mulhouse. Tu es entraîneur aussi à Koenigshoffen. Donc est-ce qu'il y a quelque chose encore ?

Didier Six :  J'avais ma maison là-bas, j'avais une très belle maison. J'étais bien, j'avais des amis…

Le Podcast des Légendes : Donc tu termines par une pige à Leipzig et là, tu as presque, je crois 37 ans. Tu dis "ça y est, j'arrête de jouer." Ou est-ce que tu as continué dans des divisions juste en amateur pour le plaisir ?

Didier Six :  Ma dernière licence, je l’ai eu à 57 ans.

Le Podcast des Légendes : Tu avais ta dernière licence à 57 ans. Impressionnant.

Didier Six :  Avec une sélection européenne en Allemagne, Berlin et le match est télévisé. Et là, je joue encore au niveau de ce qui est national maintenant. Donc entraînement régulier. Et là, mon ancien entraîneur de Stuttgart m'appelle, il me dit "Il faudrait que tu viens nous aider. "

Le Podcast des Légendes : D'accord.

Didier Six :  Et j'ai dit "mais tu sais quel âge que j'ai ?" Il me dit "Je m'en fous." Et c'est pour ça que je vais passer une semaine. C'était un jeu. Quelque part, il y a. Le jeu même a été poussé puisque quand j'ai passé la semaine, il m'a dit "Bon, le président est là. " On voit le président. J’ai dit "Président. En Allemagne, ils ont des formulaires de contrats tout fait. " Et il me dit "vous avez un formulaire? " Je dis "Oui. Président, aller me chercher un formulaire s'il vous plaît. " Je prends le formulaire, je le signe. C'est à vous mettre ce que vous voulez mettre.

Le Podcast des Légendes : Oui d'accord, c'était vraiment pas du tout…

Didier Six :  C’était une bonne expérience de la vie. Bonne expérience de la vie. Après le mur de Berlin, voir comment les gens dans certaines maisons qui ont été mis à l'abandon. On avait l'impression que quand on a ouvert le mur, c'est-à-dire donner la liberté de pouvoir passer, que le mur n'était pas encore… Et de donner cette liberté, que les gens vont laisser l'assiette, les poupées des enfants et tout dans la maison. Mais c'était comme s'il y avait, qu’ils venaient juste de déjeuner ou de dîner. L'expérience de la vie qui est, quand on me dit, j'ai eu plusieurs vies, mais c'est, ça fait partie de ça.

Le Podcast des Légendes : Galatasaray, c'est le côté un peu exotique des choses, mais Leipzig, ça peut-être un peu plus choquant 1991. Vraiment un autre monde, un autre monde.

Didier Six :  Un autre monde différent qu’on ne connaissait pas. Il y avait ce mur pour empêcher de connaître.

Le Podcast des Légendes : On va peut-être avoir Alain Giresse. En tout cas, on est en contact avec lui pour l'avoir sur le programme. Quelle question tu aimerais lui poser toi si tu devais lui poser une question. Alors quand on a eu Jean-Luc Ettori, il nous a dit qu’apparemment Giresse a revu le match France Allemagne des centaines de fois. Est-ce que tu as une question à poser ? Est-ce que tu es encore en contact avec lui ?

Didier Six :  Est-ce qu'il se souvient quand il marque les deux buts contre contre l’ Irlande, et quand il marque le deuxième, son deuxième but de la tête. Il m’a dit, il me dit à moi qui était tout à côté de lui. "Mais tu te rends compte, je marque de la tête. "… C'était un beau truc, avec toute la finesse de Gigi.

Le Podcast des Légendes : On lui demandera évidemment… 1982 ou 1984 ?

Didier Six :  Non, la toute dernière, vous devez avoir quelque chose de plus soudés. C'est pas, on a des vies séparées, on a des… Moi je suis encore entraîneur, il y en a beaucoup qui sont déjà. Donc il faut la jouer par rapport à rapport à sa vie. Ma ma, elle était sur l'Afrique maintenant, donc c'est tout à fait logique. On a rencardisé notre génération 1978, 1982. On n'a pas, la fédération n'a pas toujours été correcte vis-à-vis de ça. Et ça, il faut le dire aussi parce qu’il y a un soutien. On a eu tout de même un entraîneur qui s'appelait Michel Hidalgo. On a osé lui dire, mais il ne travaille plus à la Fédération. Il y a plein de petites choses comme ça qui reste à travers la gauche. Moi, avec ma grande gueule, je n'ai pas peur de le mettre sur le truc, parce que la grande gueule ne changera pas. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer et que. Mais il y a certains internationaux qui en souffrent. Bon moi, ça me fait chier, ça me fait chier pour pour eux. Je n’en souffre pas spécialement, mais c'est une logique et il faut le dire de temps en temps.

Le Podcast des Légendes : Quel est ton meilleur souvenir, ton plus grand souvenir en équipe de France ? Est-ce que c'est l'Euro ? Est-ce que c'est ta première sélection ?

Didier Six :  10 années d'avoir côtoyé cette équipe avec ces joueurs qui étaient là, avec… Je pense que c'est, le meilleur souvenir, il est là. Toutes ces expériences, tous ces rêves qu'on a pu donner, qui était notre rêve de départ et ça restera. Et comme je dis, il peut y avoir n'importe quoi. Ce qui est écrit est écrit que ce soit maintenant, que ce soit avant notre époque, que se soit l'époque de 1998, et l'époque de maintenant. Détériorer les choses, c'est très facile. Par contre, construire, c'est beaucoup plus difficile. Donc il faut penser, être modéré et ne pas boire, le petit lendemain, quand ça intéresse certaines personnes.

Le Podcast des Légendes : Et justement pour continuer les questions un peu tordues là qu’on a commencé avec Michel. Tu as été dans tellement de club. C'est quoi le, si par exemple quand Strasbourg affronte Metz ou Valenciennes. Ton cœur est pour quel club ? Et tu dois être honnête. Dernière question, tu dois vraiment dire la vérité.

Didier Six :  Je regarde autres choses. J'essaye d'être en dehors de ça. Je suis plutôt, je regarde plutôt l'aspect tactique, l'aspect, quelles tactiques ils vont employer, quels sont les joueurs qui vont jouer, quels sont les joueurs suspendus. Je ne mets pas dans le l'aspect intime de cœur, parce que j'ai vécu de bons moments dans chaque club.

Le Podcast des Légendes : D'accord.

Didier Six :  J'étais à Metz où je pense avoir fait partie d'une grosse partie du trophée de meilleur buteur de Jules Bocandé. Ça, ça reste. C'est plein de choses. J'ai connues Marcel Husson qui était l'entraîneur de Metz, ça reste aussi. Ce sont des choses qu'on n'oublie pas. Oui, tu posais une question.

Le Podcast des Légendes : Ouais, je disais qu'un joueur dans lequel tu te reconnais. Un joueur un peu comme toi, insaisissable, ailiers vifs, rapides, qui marque aussi pas mal de buts.

Didier Six :  Et dur au mal.

Le Podcast des Légendes : Très dur au mal, ouais.

Didier Six :  Non, parce que c'est des époques différentes, on ne peut pas se reconnaître dans les joueurs. Chaque époque et chaque joueurs, il n'y a pas d'équilibre sur ça. Donc non. Il ne faut pas, j’ai eu ma période avec mes qualités, j’ai mes défauts. Mais non, chaque joueur doit se spécifié par lui-même.

Le Podcast des Légendes : Alors question qu’aime bien posé Guillaume, et je vais lui piquer parce qu'elle n'est pas si mal que ça. Comment tu définirais ta contribution au football, modestement ou pas ?

Didier Six :  Je parlais tout à l'heure que quand je suis allé à la Russie, que j'ai signé le contrat sans qu'on est discuté de prix, le salaire. J’ai dit "le salaire, c'est à vous" parce que j'avais envie. Tu ne fais pas obligatoirement, même si l'aspect financier permet de vivre. Je pense que ça, c'est un critère important. Ce qui est important aussi c'est de, je n'ai pas envie de, je vois cette denigration qu’il y a actuellement peu importe qui, que, quoi, que ce soit avec la fédé, que ce soit entre les joueurs ou autre. On arrête tout ça. Il faut arrêter tout ça. Faites votre vie, jouez votre vie. Et souvent, c'est les joueurs sont pris à partie aussi alors que souvent par le joueur, moi je suis toujours à officier quand on dit qu'il y a trop d'argent les joueurs maintenant, ceci, cela. Qu’est-ce que, le joueur n'a jamais mis un pistolet sur une personne pour faire signer. Le joueur, il est sur le terrain, il pense au terrain et les terrains, c'est ce qu'il a envie de gagner. Cette envie de gagner, ce n'est pas une prime. Après il y a cette discussion qui sont maintenant…

Le Podcast des Légendes : Si tu devais donner un constat justement à un footballeur qui veut s’exporter, est ce que tu as un truc ?

Didier Six :  Il y a trois mots dans la vie qui sont importants, c'est "travail, travail, travail."

Le Podcast des Légendes : Une belle façon de conclure. Merci beaucoup. C'était vraiment un très bon moment. Je pense qu'on aurait pu encore parlé pendant deux heures. Par exemple, on n'a pas du tout parlé de l'Euro, mais je pense qu'on a quand même pris pas mal de temps là, entre aujourd'hui et les problèmes techniques d'hier. Merci de ta patience. Merci de ta passion. Merci surtout des souvenirs. Parce que tous les souvenirs que tu nous as donné au cours de toutes ces années. Tous les buts aussi à tous les fans de l'équipe de France, entre autres. Merci Didier.

Le Podcast des Légendes : Merci de votre fidélité. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode du podcast des légendes. La musique du générique, c'est Tartan Rascals, un groupe écossais avec Looking at you. Merci de votre fidélité, à la semaine prochaine.