Yannick STOPYRA: Et c'est là et c'est là que je veux en venir quand on fait le constat. Mais moi je n'ai pas connu, je ne connaissais pas ça, je suis euh je fais partie des meilleurs attaquants du Mondial, alors qu'avant euh je jouais en première division. Euh bon, des fois je ne jouais pas et on mettait remplaçant. Mais Voilà, c'était pour moi quelque chose de moi. J'étais arrivé au summum alors que des gens comme Platini. Quand tu joues dans un, ça aussi c'est important et c'est ça dans les choix de carrière. Aujourd'hui, tu joues dans des clubs qui jouent régulièrement la Coupe d'Europe, tu joues pour la gagner. Mais quand tu fais une coupe d'Europe tous les tous les cinq ans, tous les deux ans, tous les dix ans écoute Euh, t'es content de faire une coupe d'Europe, c'est parce que c'est et je pense que c'est important que les [01:06:00] joueurs jouent à un niveau assez élevé dans en club régulièrement. Personnellement, je parle après pour l'Allemagne. Je pense que je pense qu'ils ont été très touchés parce que autant ils ont créé peut-être une injustice en 82, Ouais, mais là il n'y avait pas photo, on n'a pas joué.
Le Podcast des Légendes: Dans la causerie d'avant match ou les jours précédant le match est ce que est ce que Henry Michel le coach ou est-ce que Michel Platini le on va dire le coach adjoint le capitaine est ce qu'il essaye de de chauffer les troupes ou au contraire de de faire garder le… ? moi j'essaie de comprendre justement a posteriori, parce que ça, c'est vraiment difficile de comprendre des années plus [01:07:00] tard comment on a pu passer à côté d'un match pareil après avoir eu une telle belle équipe, une telle belle dynamique après deux matchs quand même extraordinaires au-delà de l'aspect physique Mais au niveau de la préparation, qu'est-ce que les deux Michel disent aux joueurs? Est-ce qu'ils disent? Quelques chose de particulier?
Yannick STOPYRA: je n'ai pas un très grand souvenir. J'ai le sentiment que Moi, j'ai le sentiment que vraiment que la Coupe du monde s'est arrêté même très vite après l'Allemagne, Très, très vite. Je pense qu’une fois que ça s'est terminé, il y avait, on ne pouvait pas dire c'est la faute à l'arbitrage. On ne pouvait pas dire c'était…, non, ça a été nous, On n'a pas été à la hauteur. On le sait. On n'a pas fait le match qu'on avait on n'a pas amené l'espoir qu'on pouvait gagner un match d'entrée. On s'est senti, je pense [01:08:00] battu. Voilà au fur et à mesure et le côté physique a fait, bien sûr, nous à nous a fait. Euh, il a manqué des beaucoup de ressources et puis eux, ils ont été efficaces. Ils ont été plus efficaces que nous Euh, je pense que tout le monde, tout le monde avait envie que ça s'arrête. Une fois que le match est terminé. Je crois que tout le monde avait envie de rentrer.
Le Podcast des Légendes: À quel moment tu as le recul de dire waouh, je viens de vivre une expérience incroyable. On a terminé troisième, j'ai joué une Coupe du monde dans des stades pleins. J'ai joué le Brésil, l'Italie, l'Allemagne ou est-ce que t'es tellement dedans que tu ne te rends pas compte Et ça prend des années à Aceh à se décanter.
Yannick STOPYRA: je dis qu'en fait moi je suis. Je suis partie en avion en classe touriste [01:09:00] et je suis revenu en business class quoi. C'est là que dans l'avion, je le dis et c'est quand on atterrit… parce qu'à mon atterrissage, enfin à l'atterrissage de l'avion, on va à l'Elysée, on est reçu. On est reçu à l'époque par Mitterrand. Ensuite dont je ne sais même pas si c'est si c'est là à ce moment-là toujours est-il, que moi j'ai un rendez-vous qui est hyper important. J'ai rendez-vous avec le président du …racing à l'époque qui était Jean-Luc Lagardère qui voulait faire, qui voulait me transférer tout de suite et puis en fait euh en fait ils demandaient beaucoup, Toulouse demandait beaucoup et Lagardère après je me rappelle quand il y a la coupe, on était qualifiés en coupe d'Europe. Et [01:10:00] puis moi je ne voulais pas partir, Je ne voulais pas partir de Toulouse comme ça. C'était… c'est un club qui m'a redonné beaucoup, beaucoup de choses. Jamais cette ambiance, ce c'est comme c'est vraiment ma ville. C'est une ville que j'aime beaucoup et il y avait la coupe d'Europe et puis on joue, on joue Naples et je sais que Monsieur Lagardère est venu et a annoncé, il y avait un article qui dit après le match euh on transfère STOPYRA au Matra donc euh moi ça me met en difficulté parce que parce que euh on va au penalty et je tire et je fais l'autodestruction. Je me dis. Si je loupe, ils vont dire que j'ai fait exprès de louper pour aller au Matra. Et qu'est ce qui se passe bien? J'ai loupé. Voilà donc euh [01:11:00] et puis heureusement, Diego Maradona…
Le Podcast des Légendes: Vous passez quand même oui.
Yannick STOPYRA: On est quand même passé. Et donc euh, quoi qu'il arrive, je restais à Toulouse.
Le Podcast des Légendes:: Alors il y a une belle anecdote, est-ce que tu peux nous raconter, Est ce que tu peux nous raconter ta rencontre avec Diego qui vient de gagner la Coupe du monde avec l'Argentine
Yannick STOPYRA: oui,
Le Podcast des Légendes: et ta rencontre avec lui dans les vestiaires Entrer dans le couloir.
Yannick STOPYRA: J'ai dû jouer cinq ou six fois contre lui, quatre fois en Coupe d'Europe puisque Bordeaux, on a aussi joué Naples. J'ai joué avec l'équipe de France, on a été champion intercontinental contre l'Argentine. Bref et puis jubilé Michel Platini il était aussi là et donc au match aller au match aller moi je suis en chambre. Euh je partage la chambre avec Alberto qui a [01:12:00] été champion du monde en soixante-dix-huit.
Le Podcast des Légendes: et qui est Argentin
Yannick STOPYRA: et qui est argentin qui connaît bien et on l'appelle el conero parce qu’il avait un rictus. Il faisait toujours comme ça avec sa bouche. On l'appelait el conero et Diego Maradona donc, est à Naples et Maradona avait cette particularité. Il mettait son maillot, son short, ces chaussettes chaussures. Il prenait un ballon et il s'amusait sur le terrain et là, c'était carrément près du bus. Il avait le ballon et tout et moi je sors pour aller voir le terrain. Et Diego Diego est avec Alberto et moi bien sûr, je vois Diego Maradona et je ne sais pas quoi faire, mais je fais le mec un petit peu qu'il ignore parce que c'est un adversaire. Puis je n'ai pas montré mon admiration et [01:13:00] lui, il me voit et il me fait Hola Yannick et là me suis dit Oh t’es reconnu et puis là je fais le mec euh oh Diego waouh je ne t'avais pas reconnu. Qu'est-ce que tu fais là? Je suis le mec un peu qui est à l'aise mais la… et cette anecdote, je l'ai raconté à tout le monde parce que et là je me suis dit fait ce qui est fou, c'est qu'au bout de ma carrière j'ai joué dix-sept ans j'ai eu chaque fois j'ai quand même marqué plus de deux cents buts deux cent cinquante buts euh cent trente cent trente-trois buts en en ligue un d'ailleurs je raconterai une anecdote là-dessus qui est pas mal sur les sur les cent trente-trois buts et donc euh il y a toujours des petits trucs comme ça qui me font dire Mais Yannick, c'est bien et ce [01:14:00] qui m'a aidé un petit peu… En fait, moi, j'ai une double personnalité et ça m'a beaucoup aidé toute ma carrière, quand j'ai eu de gros problèmes de vie familiale ou de gros problèmes sportifs, y avait Yannick, il y avait le joueur et l'être humain. Et l'être humain. Il s'en sortait toujours. Il sortait toujours le sportif et quand l'être humain n'était pas bien, c'était le sportif qui sortait l'humain. Voilà. Et est donc en fait euh là le sportif, il était admiratif. Il était fier, mais l'humain, il disait. Yannick, putain, c'est Diego Maradona quand même ohhh Oui, je j'étais très fier de ça. Oui, et pour l'anecdote des cent trente-trois buts. J'ai travaillé au Qatar et tout le monde connaît Sonny Anderson qui est un grand joueur. et Sony était au Qatar et on fait un tennis [01:15:00] ballon. Bon, très bien. Et puis à la fin, il parle de buts et il me dit. Il dit comme ça. Moi j'ai marqué tant de buts en championnat en Ligue un. Il y en a qui lui dit comment a marqué en Ligue un, je ne sais pas dire une centaine un peu plus et je le regarde et je lui ai dit Mais tu sais que j'en ai marqué plus que toi. Il me regarde, j'ai dit j'ai marqué cent trente-trois buts. Il ne répond pas, il ne savait pas qui j'étais et parce que ça, c'était au tout début du tennis ballon. Et puis euh bon, très bien, mais moi je voulais échangés entre buteurs moi et je me retrouve avec lui un jour et il vient me voir et me dit Yannick, désolé, euh tu te rappelles l'anecdote. Il me dit oui mais sur le coup, j'ai cru que tu me toisais je dis non. J'ai marqué cent trente-trois buts mais il dit oui, [01:16:00] je l’ai su après je ne sais pas qui tu étais, Voilà
Le Podcast des Légendes: tu n’as pas dit, aussi éliminer. J'ai aussi éliminé ton pays de la Coupe du monde. Quatre-vingt-six aurait…
Yannick STOPYRA: bon, il a dû, il a dû nous faire du mal aussi lui en équipe nationale
Le Podcast des Légendes: alors on à ce moment là justement, 86 tu es considéré quand même comme un des meilleurs joueurs du monde pratiquement après ta coupe du monde. Est-ce que euh tu penses que t’as influencé beaucoup de jeunes joueurs ? J'imagine, Michel mais évidemment il n'a pas percé
Le Podcast des Légendes: Non, c'est sûr, je n'avais pas, je n’avais pas le même pied droit.
Le Podcast des Légendes: Mais est-ce que tu sais si tu as déjà à influencer d'autres joueurs qui sont devenus pros grâce à toi ?
Le Podcast des Légendes: il y a une explosion du nombre de Yannick du côté de Toulouse.
Yannick STOPYRA: franchement, là je ne veux pas rentrer dans ce genre de la moi j'ai fait ce que je devais faire, je me suis fait plaisir. Ce qui est marrant, c'est que en Coupe d'Europe, [01:17:00] on a joué il y a trois quatre ans. Je crois contre une équipe où le joueur s'appelle Yannick, son surnom, il marque le but qui nous élimine Coupe d'Europe
Le Podcast des Légendes: d'accord.
Yannick STOPYRA: Chez nous en plus. Alors bon donc il voulait que j'aille le voir parce que l'histoire c'était que le garçon. Il est né en 86 et son père et il aimait l'équipe de France. Bon Yannick, c'était un prénom qui plaisait à la maman. il a dit ça, ça s'écrit pas du tout pareil. Il a dit non. Il s'appellera Yannick est le nom de famille il a gardé son nom de famille, Yannick dit Stopyra.
Le Podcast des Légendes: Alors tu disais qu'à l'époque l'argent n’était pas n'était pas vraiment ça. Je n'ai pas l'impression que ça a été le moteur de ta carrière de toutes les façons mais en tout cas 86 et euh bah c'est à vingt-cinq ans tu reviens du mondial, tu fais partie quand même du onze des meilleurs joueurs du d'une coupe du monde qui a été pour beaucoup d'observateurs sans doute la plus une des plus belles de l'histoire En tout cas une On rappelle quand même Maradona qui était dans c'est le sacre de Maradona donc une équipe du Brésil extraordinaire, une très belle équipe de France donc tu termines dans le onze des meilleurs joueurs et tu es à Toulouse le Matra Racing vient te faire les yeux doux à l'époque, le Matra Racing c'était un petit peu le Qatar avant l’heure Lagardère qui décident d'investir énormément d'argent, Francescoli Enfin il est essaie un peu de racheter toutes les stars de l'époque et donc tu [01:19:00] restes, tu restes fidèle à Toulouse. Est-ce que maintenant rétrospectivement, est ce que tu dis et si j'avais si j'avais été un peu différent? Bon, le Matra Racing ça n’a été une belle réussite sportivement en tout cas. Mais est-ce que tu dis que… tu as des regrets par rapport à ça?
Yannick STOPYRA: Euh non, je n'ai pas de regrets parce que je pense qu'il faut faire des choses qui sont en harmonie avec l'humain. Si c'est pour gagner des titres Ouais, bien sûr, moi j'aurais aimé gagner des titres. Bien sûr, j’aurai aimé être le meilleur buteur et avoir le Ballon d'or. Mais bien sûr, comme tout, sportif ont fait cette passion. Oui on veut, mais maintenant euh, je pense que je peux. Honnêtement, je n'avais pas la carrure, je n'avais pas l’étoffe, j’étais là pour prendre du plaisir. Et en fait, quand je fais le bilan, c'est ce que j'ai cherché à l'entraînement. Mais je prenais du plaisir. J'avais envie de jouer avec les [01:20:00] copains etc. Je pouvais partir très tôt, Un jour, je joue à Sochaux, on joue contre Saint Etienne, il y a Kurcovic dans les buts. Je fais le meilleur match que je n'ai jamais. Même au Mexique, je n'étais pas comme ça. J'ai fait un match où on gagne, je mets deux buts. Euh, je sais qu'il y a un centre. Kurcovic veut prendre le ballon. Moi je monte à la tête, je saute plus haut, je marque. Il y avait Platini. Tout ça et dans les tribunes. Il y a un monsieur qui s'appelle Jupp Heynckes entraîneur de Mönchengladbach à l'époque, qui vient voir l'AS Saint-étienne pour jouer en coupe d'Europe. Il reprend l'avion. Il a dit lui, je le veux, j'ai des, des fax parce qu'il n'y avait pas de télécopie. J'ai des fax à la maison qui arrivent au club, j’en ai, mais un sac entier. Tous les jours, ils m'ont envoyé des messages.
Le Podcast des Légendes: en allemand, c'est le [01:21:00] problème du fax est tellement difficile à comprendre,
Yannick STOPYRA: euh, là, non, Ils ont envoyé en anglais et je pense qu'il y a un moment donné, il y avait même un, c'était un… bourgeois qui travaillait pour eux et qui avaient pris la relève Et donc ce qui m'a fait plaisir, c'est Jupp Heynckes. Il me voulait au Mönchengladbach. Quand après le Mexique, il voulait que j'aille au Bayern de Munich, il était entraîneur et il y avait Mataos, il a persisté. Mais bon, j'ai dit non, Je ne voulais toujours pas partir A l'époque,
Le Podcast des Légendes: Alors pourquoi ?
Yannick STOPYRA: Parce que déjà il y avait trois étrangers, c'est tout. À l'époque, on n'avait droit qu'à trois étrangers. Il n'y avait pas l'arrêt Bosman la première fois, je n'ai pas fait le service militaire. Je suis trop jeune, donc j'ai dix-huit ans. Je n'avais pas fait le bataillon de Joinville. [01:22:00] Donc euh, je ne pouvais pas partir. Voilà. Et puis les deux plus beaux avec Maradona y'a je me retrouve là vous parliez tout à l'heure de de plaisir. Euh, j'ai eu un beau compliment de de monsieur Lagardère qui me dit depuis Justo Fontaine, je n'ai pas vu un attaquant qui m'a fait autant plaisir. Et c'était dans son bureau, près de l'Étoile Il avait son bureau, il m'avait reçu dans son bureau là et j'avais et Jupp Heynckes m’avait dit la même chose. Et il m'avait fait aussi de beaux compliments. Voilà, alors bon, moi peut-être qu'ils vont faire des compliments. Et ça me suffit d'ailleurs ma femme…
Le Podcast des Légendes: … est ce que justement à partir de ces années-là 86 88 tu n’es pas à son apogée en termes de jeu en termes de [01:23:00] tout
Yannick STOPYRA: Ouais je pense que mon jeu, je crois que j'étais avant-gardiste en fait la façon de jouer y a, on a fait. Euh, je reviens sur le reportage qu'il y a eu et Jean Luc Ruty, dit Stopyra. Il était, il était, il avait un style avant les autres. Il y avait le style de Mbappe. Alors attention, je ne dis pas..non,
Le Podcast des Légendes: c'est la déclaration qu'on va utiliser. Non? Non je rigole.
Yannick STOPYRA: je veux dire, c'est que ma force, c'était quoi? C'était les déplacements et la vitesse, c'est ce qu'a… bon lui est beaucoup plus technique, il n'y a pas de problème. Donc déjà à l'époque, le mouvement. Moi, j'avais compris les appels de balle, j'avais compris ses déplacements. J'étais le fait de regarder comme je dis aux gamins ton défenseur, tu vas jouer dans cinq minutes, tu t'es chauffer pendant trente minutes, Tu sais comment il est un défenseur, Ils ne savent pas.
Yannick STOPYRA: Mais moi je savais tout. [01:24:00] Déjà, je regardais, je savais que lui, il n'aimait pas courir où il n'allait pas vite et quand il n'allait pas vite savais qu'il a le pauvre, il allait galérer parce que j'allais jouer tous les appels de balle, donc voilà. Donc moi, je suis arrivé dans une, dans un système où tout d'un coup, euh, j'ai réussi à m'exprimer. Il y a quand même eu aussi. Quand à 16 ans, vrai que ça peut monter. J'ai été blessé aussi gravement et ça, on n'en a jamais parlé. Il y a un match et les gens ont pensé que j'étais écarté de l'équipe. C'est faux. J'ai été gravement. Je suis resté un an sans jouer perdu la vitesse. Voilà. Donc euh, c'était difficile
Le Podcast des Légendes: ça, c'était à quelle… ? C’était quand tu es à Rennes ou quand t’es... ?
Yannick STOPYRA: non, non à Rennes, ça allait, c'était euh à Rennes pendant trois mois. Je suis un avion, je suis un avion euh franchement là. Et puis au fur et à mesure public [01:25:00] m'a pris en grippe dans le sens où j'étais international. Ils attendaient plus de moi. Je n’ai marqué que neuf buts. Ouais, mon père, il me disait ne va pas jouer dit que tu es blessé. Euh, tu vas… Non je suis allé à chaque fois et je sortais du stade. J'avais les crampons à la main, prêt à me défendre parce que j'étais, euh, on me voilà, On m'avait pris en grippe. Ma mère, c'est tombé dans la tribune, presque. Elle est tombée pour un petit malaise quand même. Voilà donc tout ça. Moi, j'ai souffert parce que Rennes, c'était ma ville. C'est moi qui ai choisi Rennes, ce n’est pas Rennes qui m'a choisi. Moi, j'ai dit je viens et l'argent, mais je ne sais même pas. C'était complètement ridicule. Je ne suis jamais venu pour l'argent. Voilà. Donc ça a été difficile. Ensuite. Toulouse ça a été euh, le top parce que là, je [01:26:00] suis tombé avec des joueurs, ça m'allait. Je tombe avec un entraîneur, Daniel… Jacques Santini qui m'a amené aussi quelque chose, même si on n'était pas le grand amour les deux. Ensuite Bordeaux m'a transféré. Je ne suis pas resté parce que Claude Bez a dit en bégayant, trop cher pour la saison que tu as fait. Donc j'ai dit pas de problème, je pars. Et Cannes me demande bah oui, je viens donc là, je ne sais pas combien je gagnais. J'ai, Je crois que j'ai diminué mon salaire de moitié. Il me restait deux ans de contrat, je n’ai pas négocié. J’ai dit, je pars, je suis parti à Cannes, j'ai joué avec Zidane.
Le Podcast des Légendes: alors à cette époque-là compter à Cannes. Est-ce que Zidane déjà c'est tout le monde se dit ça saute aux yeux, ça va être une légende ou c'est bon Il a du talent mais faut voir ?
Yannick STOPYRA: Bon, la première année, il est remplaçant. Il joue un peu et tout franchement, avec tout le respect que j'ai pour lui. Et c'est un jour magnifique Je ne pense pas que c'est le meilleur joueur de la planète à un moment [01:27:00] donné. Franchement, il démarre, on voit qu'il y a quelque chose de plus, pense. C'est plus l'année de l'année d'après ou deux ans après où vraiment il commence à Bordeaux, puis à la Juve Après ou vraiment là, il explose. Le fait de se retrouver à la Juve et puis à Bordeaux aussi parce qu'il a fait de belles choses, là oui, mais à Cannes on dit que c'est un bon jeune, mais comme tous les jeunes, très bien. Et à un moment donné, euh, basculer dans le mauvais sens.
Le Podcast des Légendes: Alors tu pars dont on n'est pas revenu sur justement, cette blessure tu dis voilà pendant un an a été blessé, c’est à quel moment alors ?
Yannick STOPYRA: A Cannes, à Bordeaux ont fait une saison terminée, je crois treizième douzième, il y a Fernandez, l'entraîneur qui vient et dit Yannick, Je te veux, je dis je viens Voilà, financièrement, t'inquiètes, c'est bon, on verra. Je signe [01:28:00] ça se passe bien, on bat, on bat trois zéro. Les Girondins de Bordeaux ont fait ça se passe très bien tout ça. On a une grosse équipe, on a intéressant et on joue en Coupe de France contre l'Olympique de Marseille euh, je monte à la tête. Il y a Louis Fernandez qui me dit. Yannick, il faut les faire dégoupiller l'OM parce qu’on ne s'en sortira pas. Moi, j'ai commencé à monter. Alors quand je sautais, je sautais toujours avec les bras, comme ça pour me protéger. Celui qui venait tant pis, il prenait mon coup. J'ai pété l’arcade à Carlos Mozer. Ouais,
Le Podcast des Légendes: Pas la meilleure idée…
Yannick STOPYRA: il est sorti et il est revenu avec un truc blanc et le sang coulait, Bernard Tapie qui me dit. Yannick, Carlos il va te tuer moi je sautais jamais quand je ne voyais pas le [01:29:00] défenseur. C'est à dire que je sautais, j'allais vers le ballon. Mais je sentais à gauche. Je sentais à droite, mais jamais dans mon dos, parce que dans le dos, je ne vois pas. Il est dans mon dos, il me laisse sauter, Il m'a mis le pied, j'ai été opéré, suis resté un an sans jouer la cuisse. Euh, en fait, c'était l’aponévrose qui était déchirée. Ils ont mis longtemps à comprendre pourquoi? Parce que ce n’était pas très pas très net. J'ai fait une rééducation le club m'a pas du tout aidé je pense qu'ils se disaient on arrive au bout de sa carrière. Ouais, et puis euh, j'allais moins vite, tout de suite, j'avais perdu mon essence quoi et les gens ont pensé que j'étais écarté. Faux. je m'étais juré de jouer un match et de marquer un but parce que le championnat était Vierge. J'ai joué le dernier match, j'ai joué, je crois dix ou [01:30:00] dix ou douze minutes à Auxerre. J'ai marqué un but. Voilà, j'ai fini la saison là-dessus sur un but et après j'ai je suis parti. Euh je suis parti à Metz, Carlos Molinari me souhait, Ça s'est pas bien passé avec Joel Muller au départ parce que… une anecdote comme quoi je dis tout. On joue à Sochaux Quand j'ai seize dix-sept ans, quand on est jeune, on est…
Le Podcast des Légendes: On n'est pas tout le temps malin
Yannick STOPYRA: Ouais, on est inconscient aussi. Et un moment donné, je ne sais pas, il me dit quelque chose. Joel Muller, je lui ai dit Regarde le tableau d'affichage il y avait trois quatre zéro pour nous. Sauf que quelques années après, il devient mon entraîneur. Et quand j'arrive, moi, j'avais un peu oublié un peu, [01:31:00] j'espérais. Yannick content Bravo! Félicitations. Ravie que tu sois là. Est-ce que tu te rappelles un match Sochaux – Lyon ?
Le Podcast des Légendes: alors pas du tout. Je ne sais pas, j'étais en…
Yannick STOPYRA: oui, et alors je lui dit Tu sais, quand on est jeune, on est con. Il me dit merci de le reconnaître. Bienvenue. Et puis j'ai repris avec ma blessure, je n'avais pas une bonne préparation. Je ne pouvais pas trop. Et Calder Araud a fait une très, très grosse saison et là, je sentais. J'ai fini en deuxième division avec Bernard….
Le Podcast des Légendes: mais où là, tu claque quand même pas mal de buts si je me souviens bien.
Yannick STOPYRA: Et oui je marque vingt-deux buts en championnat et Dieu merci Parce qu’en fait euh c'était à l'époque où il y avait les deux. Il y avait deux deuxième divisions
Le Podcast des Légendes: c'est ça. C'était un groupe qui très, très, très [01:32:00] compétitifs.
Yannick STOPYRA: les dix et les dix premiers Et nous on est onzième mais quand même les vingt-deux buts ont servi et La deuxième chose, c'est que la gestion financière a fait qu’on est passé dans les dix et le club est resté en D2 grâce à ça.
Le Podcast des Légendes: en super D2, c'était le passage à la super D2
Yannick STOPYRA: Voilà super D2. Ouais
Le Podcast des Légendes: Alors pour en revenir à ce cet attentat de Carlos Mozer qui bon, il y en a brutalisé beaucoup des joueurs est-ce qu'il s'est excusé ou est-ce que…
Yannick STOPYRA: oui il a dit dans le journal, il a dit Dans ma vie je n'ai jamais blessé quelqu'un. Ouais donc voilà
Le Podcast des Légendes: Juste caressé
Yannick STOPYRA: Ouais, mais quand tu regardes les Brésiliens et c'est leur façon de jouer ils jouent comme ça. Ils sont très rudes, très durs
Le Podcast des Légendes: enfin Mozer c'était, un est effrayant.
Yannick STOPYRA: Regarde celui du Real Madrid le défenseur [01:33:00] Pepe. Les mecs, c'est des malades et des fous, c'est qu'ils sont très dangereux
Le Podcast des Légendes: et donc juste…
Yannick STOPYRA: Et à l'époque, pas de protections. Les attaquants n’ont pas tellement de protection par les arbitres, parce que maintenant, à peine tu touches. Il y a carton jaune
Le Podcast des Légendes: des tacles par derrière.
Le Podcast des Légendes: et puis on était à Marseille. Marseille aussi c’était à l’époque
Yannick STOPYRA: On était à Cannes mais c'était euh oui, effectivement, il joue à Marseille, mais c'était chez nous à Cannes.
Le Podcast des Légendes: mais c'est vrai que Marseille était aussi …
Le Podcast des Légendes: Bah c'était Di Meco, Cazaux, Mozer. C'était quand même une ligne qui est intimidait et donc juste pour répondre. Il ne s'est jamais, il ne s'est jamais excusé par un petit mot. Rien du tout...
Yannick STOPYRA: Non, non. Et c'est si tu veux. Le match d'après, pensant que je pouvais jouer. J'ai rejoué au bout de cinq minutes dix minutes, comme si je m'étais claqué. En fait, comme c'était l'aponévrose du muscle, y avait. Euh, ça saignait pas, c'était juste la peau [01:34:00] et donc je me suis retrouvé, ça a été très long.
Yannick STOPYRA: Et quelqu'un chirurgien dit Mais si, donc maintenant j'ai une belle balafre lui, il a une petite balafre ici. J’en ai une grande comme ça sur la cuisse. Voilà,
Le Podcast des Légendes: est-ce que tu penses que rétrospectivement, après [01:36:00] Quatre-vingt-six tu as un peu touché du doigt le l'apogée et qu'après tu as un peu de mal à rester motivé, à trouver des raisons de t’enerver contre, l'adversité ou de la même façon tu disais voilà le l'épisode du de la douche, l'épisode de des pros qui te regardaient d'un un peu de haut ou est-ce que c'est plus?
Le Podcast des Légendes: Tu penses? C'était ta destinée cette Coupe du monde.
Yannick STOPYRA: disons que ce qui est difficile, ce que je disais euh moi je me suis filer des objectifs. Bon, par exemple, tu dis euh je veux être titulaire en ligue 1, je veux ci je veux ça. OK, une fois que tu as atteint ton le palier, là j'étais arrivé. J'ai fait le Mondial, ok, après je dis quoi? Mis à part le fait de jouer dans un club étranger, il n'y a rien qui me qui me voilà. Sauf si c'était de marquer des [01:37:00] buts quoi. C'était marqué des buts voilà. Et puis des fois, bon, malheureusement j'avais peut-être besoin aussi de me faire… Est-ce que c'est du laisser-aller, j'en sais rien mais je remarque je faisais tous les deux ans une saison de folie. Peut-être parce que j'étais en danger la saison d'avant. Voilà.
Le Podcast des Légendes: pas de problème. Ce que est ce que t'as dans cette période-là justement est-ce que tu as une rivalité particulière avec un joueur ou avec un club?
Yannick STOPYRA: Rivalité Je pense que José Touré, effectivement, à un moment donné, c'est lui. A un moment donné, je suis vexé d'une chose. on me dit [01:39:00] yannick tu vas euh tu vas être, tu vas être le meilleur joueur avant centre de l'année. Il m'a dit. Tu viens avec Canal Plus. C'est la première fois je crois que Canal Plus faisait des… remetait des trophées. Donc euh, je n'avais pas trop envie. On me dit si, il faut que tu viennes tu as gagné etc., j'y vais Et à l'époque, Canal il montre comment s'appelle Sur l'écran, il y a ma courbe qui monte, qui s'arrête et les deux autres, ils montent. Je me retrouve troisième. Et là, je me suis dit Euh, je me suis dit Euh, voilà, j'ai été un petit peu, un petit peu, un petit peu de trahi, parce que je pensais avoir gagné. Et puis, et puis voilà quoi?
Le Podcast des Légendes: En fait, j'ai l'impression que tu étais un joueur qui analysait les faiblesses de ses adversaires et prenait un malin plaisir de jouer sur ses faiblesses le plus possible.
Yannick STOPYRA: grave c'est sûr. Et encore, on n'avait pas du tout de d'analyse spéciale on n’avait personnes qui nous disait lui, les pourcentages ceci…, non? Je le faisais moi. Puis bon, je crois que je suis quelqu'un qui a besoin de provoque peut-être. Voilà.
Le Podcast des Légendes: Et moi j'ai toujours été fasciné de de cette idée de d'avoir quand même un groupe de jeunes adultes [01:42:00] avec une quasiment aucune présence féminine pendant les stages. Vous arrivez pendant trente, quarante jours à être vraiment focus sur le sur l'objectif principal sur …
Yannick STOPYRA: Le plus difficile, je pense que c'est quand tu arrives à un certain âge, quand tu as vingt ans tu acceptes beaucoup de choses, parce que bon même si tu es en stage, tu es capable de sortir un coup l'entraîneur il dit Bon ce soir, [01:45:00] onze heures minuit, vous rentrez, ça fait du bien. On va boire un verre, on dit deux, trois conneries avec des copains. Ça va. Ce qui est difficile, c'est effectivement Quand tu as une trentaine d'années que tu as fait pratiquement depuis l'âge de quinze seize ans, tu as envie de rester en famille. Et là tu ne peux pas, c'est difficile. Moi, mon anniversaire, c'est le neuf janvier. Moi je me retrouvais toujours en stage altitude, et avec les copains. Alors les des fois le club il le sait que des fois il t’oublie. Euh donc euh, t'es tout seul dans ta chambre à dire aujourd'hui j'ai vingt ans aujourd'hui, j'ai dix-neuf ans. Aujourd'hui j'ai vingt-et-un ans Voilà, ça c'est difficile par contre surtout les enfants en fait tu vois quand tu t'en vas et que ton fils qui a cinq six ans il te dit il te met au poster en [01:46:00] disant papa, tu peux me signer sur mon poster et ses Goldorak Et là tu te dis Yannick, là tu te vois pas comme les autres, tu te voit peut-être pas comme un papa. Voilà, c'est ça, c'est des fois difficile. Ouais, des fois difficile. Et puis euh, moi je suis une famille où j'ai un peu plus souffert. C’est ça que je viens de dernièrement j'ai fait un petit discours, j'ai parlé, j'ai rendu hommage à ma famille et moi je sors d'une maladie grave aussi.
Le Podcast des Légendes: On l’ignorait …
Yannick STOPYRA: j'ai dit à un moment donné. Euh, vous m'avez protégé de tout, en fait les décès, on me disait après ton grand-père, il est enterré, t'avais un match Enfin voilà, on pense que l'athlète, il est fort, [01:47:00] il est faible et en fait non, euh, en fait non. Et puis comme je disais mon père, effectivement, il ne m'a jamais dit je t'aime comme vous peut-être C'est une génération qui ne dit pas en plus. C'est un d'origine polonaise qui ont qui ont très énormément souffert ils ont vécu dans des baraquements, notamment tout début mais, d’origine polonaise. Mon père a toujours à la dure tu vas y arriver, mais tu vas y arriver Et quand j'ai appris il y a deux ans et demi que j'avais un cancer, j'ai dit que personne ne le saura pas. Personne ne saura. Je ne veux pas. Je suis allé voir le médecin. Ma femme m'avait dit En fait, j'avais un cancer au niveau de la gorge. Si j'avais été il [01:48:00] y a huit ans, on m'a dit On t’aurait découpé la mâchoire, on serait allé sur les cordes vocales et peut-être, tu serais un défiguré. Et deux aurait perdu peut-être un peu la voix grâce à la technique. Bon, j'ai fait, chimio j'ai tout fait et j'ai dit à ma femme. Ma mère le saura. Et toi, et c'est tout. Ma fille, qui est qui a vingt-cinq ans à l'époque, on avait vingt-trois, elle ne le Elle ne le saura qu'au dernier moment. Elle est venue, il est dit où Papa? Il est à l'hôpital, il fait quoi? Il dort à l'hôpital? Elle lui a expliqué ma femme, pourquoi je ne voulais pas? Parcequ’en fait euh, quand tu gagnes tout le monde vient, Tu l'as dit tout à l'heure les gens, moi j'ai payé pour des gens. Huit, dix personnes à table pour la cour qui avait les gens s'incrustent [01:49:00] médiatisé que tu sois journaliste passe à la télé que ceci les gens profitent de toi et moi j'ai dit dans le même titre que les gens sont contents quand quant à des problèmes et moi mon problème, je ne voulais pas que ça se sache pour éviter que les gens m'amène un mauvais sort et ils me disent c'est bien, c'est bien fait pour lui par jalousie.
Le Podcast des Légendes: rassure-nous, ça va mieux.
Yannick STOPYRA: Alors oui bien sûr comme tout euh, c'était un petit challenge, j'ai gagné tout et tout est ok, tout est bien Oui oui, ma femme me dit vraiment t'es chiant donc c'est que ça va mieux.
Le Podcast des Légendes: Ecoute ça, ça nous rassure. Merci en tout cas d'avoir partagé ça avec nous. Et on souhaite bien sûr une très belle santé. Excellente santé Que tout ça se soit derrière toi. Quelle était la première folie que tu as fait avec ton premier gros salaire?[01:50:00]
Yannick STOPYRA: Première folie. Qu'est-ce que j'ai pu faire? La première folie… disons, c'est peut-être, pas avec… bon déjà, il faut savoir que oui voilà, ça c'est. C'est un bon truc. Je gagne à l'époque six cents francs mois. Ouais voilà je gagne six cents francs par mois. Euh, je suis joue en pro, la prime n'est pas énorme, mais bon, c'est toujours ça. Et le pire, c'est quand une copine. Donc t'imagines tu as seize ans, tu l’invite au resto, Tu veux faire le mec classe. Mais le problème, si elle prend un foie gras en entrée, te dis merde, je vais finir le mois? Comment je fais avec 600 francs par mois, il suffit! Euh voilà donc La première folie, c'est quand j'ai pu inviter une copine quand [01:51:00] j'avais quinze, seize ans pour manger avec elle et puis qu'elle m'a pris un plat qui m'a coûté très cher. Voilà peut-être, la folie.
Le Podcast des Légendes: ça reste quand même assez sage, j'ai l'impression. Donc après ta magnifique carrière d'attaquant, tu as, tu es resté dans le football, est ce que c'était toujours ? Est-ce que tu pensais toujours avoir… Ça faisait partie de ton plan de carrière ? Tu ne t’imaginais pas en dehors du monde du foot ?
Yannick STOPYRA: alors en quatre-vingt-six après le Mondial les joueurs on respect un petit peu parce qu'en fait pendant toutes les vacances, nous on fait les coupes d'Europe, les Coupes du monde. Et puis euh, malheureusement la fin de notre carrière en fait euh tout le monde passait les diplômes et nous euh malheureusement on s'est retrouvés en fin de carrière sans diplômes, les joueurs de l'équipe de France ont demandé à passer les diplômes. On a passé les diplômes accélérés il fallait faire partie avoir deux cent cinquante matchs en Ligue 1 ou avoir une vingtaine de de sélection. Et puis euh, on a eu, j'ai eu Aimé Jacquet comme entraîneur et lors de l'entretien, il me dit Yannick, qu’est-ce que tu souhaites faire? Je regarde, je dis aimez ça va être entraîneur des pros Et pourquoi? M Aimé Jacquet que j'ai eus quelques années avant, je me retrouve donc euh à Clairefontaine et lors de l'entretien il est… il me dit Euh, ce que tu souhaites entraineurs des pros? Parce que moi, en dix-sept ans je connais que ça que ce [01:54:00] métier. Ouais il me dit tu es fait pour ça? Bonne question. Je ne sais pas. Il me dit écoute, travail, voit le paysage du football, tu ne connais pas le paysage du football français. Donc j'ai commencé par les jeunes et Dieu merci, je pense que j'aurais eu le record de longévité la plus courte en tant qu'entraîneur parce que je ne suis pas fait pour ça.
Le Podcast des Légendes: En fait tu faisais entraîneur parce que tu n’avais connu que ca ?
Yannick STOPYRA: oui,
Le Podcast des Légendes: Mais en fin de compte, tu suivais le mouvement
Yannick STOPYRA: oui, parce que je voyais… moi, j'ai eu mon père entraîneur. Moi, j'ai eu mes dix-sept ans après, J'ai toujours joué professionnel. Voilà. Et en fait, il m'a sauvé parce que j'ai vu qu'avec les jeunes ça passe. Il y a une, disponibilité chez les gamins. Encore que maintenant ça commence à [01:55:00] changer. Il y a une nouvelle génération, encore là qui arrive. Ils sont un petit peu différents de nous. On est très loin de de comment il s'appelle. Du baron de Coubertin, je vous dis euh voilà. Donc j'ai travaillé sur les jeunes, ça m'a plu, J'ai passé. Euh, j'ai travaillé pour la Fédération pendant une dizaine d'années. Et puis Euh, j'ai travaillé dans des pôles espoirs, j'ai eu Rabiot comme joueur, j'ai eu Obraniak. Voilà pour citer les plus connus au niveau internationaux. Donc on a fait du bien d'échanger avec eux.
Le Podcast des Légendes: Alors est ce qu'il y a des joueurs que t'as manqué? En revanche, c'est à dire que la, est ce qu'il y a des joueurs pour le coup ? Je ne sais
Yannick STOPYRA: [01:59:00] non… que j'ai pas louper. Euh, j'ai pas louper, c'est Mbappe, tout le monde l'a invité. Moi je l'ai fait Euh, je l'ai invité ici avec son père. Il est venu, Giroux, j'ai présenté giroux parce que je crois que c'était lui à l'époque il l’a rencontré. On a fait une proposition qui était ridicule par rapport à apres…
Le Podcast des Légendes: il avait quel âge à ce moment-là?
Yannick STOPYRA: Il avait quatorze ans, il était à Clairefontaine. En fait, je suis à Clairefontaine et je suis avec Arnaud Vaillant qui était qui travaillait pour nous, qui est agent maintenant? J’appelle Arnaud et moi, je venais de prendre les fonctions à Bordeaux. C'était il y a dix ans. J'ai dit Arnaud, qu'est-ce que c'est que ce joueur-là? On est dessus. Il était à Clairefontaine il jouait sur le côté gauche, il était comme il est aujourd'hui. C'était incroyable et me dit Bah écoute On est un petit peu fâchée avec lui pour des raisons [02:00:00] qui me regardait pas bon et je lui dis Écoute moi je m'en fiche présente moi le père, il ne dit pas de problème. Donc je suis allé voir le papa et la maman. J'ai dit Écoutez je viens de Bordeaux, je vous présente mes excuses. Je ne sais pas pourquoi, mais je vous présente mes excuses. Il m'a dit C'est gentil, merci. Euh, j'ai envie de discuter avec nous, a dit très bien et on s'est mis dans la danse je pense que déjà il savait que ce ne serait pas nous. Mais euh il venait souvent faire des stages de vacances ici. Il était venu deux années de suite ici, c'est comme ça qu'on a qu'on a vu et puis voilà. Donc euh ce n’est pas que j'ai loupé, c'est qu'à un moment donné il y a un choix.
Le Podcast des Légendes: la concurrence était énorme
Yannick STOPYRA: Voilà nous on propose et des fois les parents disent non. Les parents disent non ils préfèrent aller à Monaco, ils préfèrent aller à Paris Saint-germain
Le Podcast des Légendes: et donc à quatorze ans quand tu vois Mbappé bon il a explosé il y avait dix-sept ans quand il fait sa première énorme saison à Monaco. A quatorze ans [02:01:00] déjà tout le monde se dit celui-là ça va être un futur crack c'est pas c'est pas ça va être un bon joueur mais c'est ça va être une… est ce qu'il y en a d'autres dans le dans le pipeline de joueurs français qui sont dans cette dans cette catégorie-là?
Yannick STOPYRA: oui il y en a. Franchement pour dire aujourd'hui, pour Comprendre les choses. Quand tu vois les gamins, il y a une chose qu'on est capable de voir. On est capable de voir treize, quatorze, quinze ans. Il faut savoir que Paris, par exemple, c'est le plus grand réservoir mondial avec le Brésil. Le Brésil est au niveau de Voilà. Mais sinon, numéro deux, voire égalité, c'est Paris forment le plus de joueurs dans le monde entier au niveau professionnel. Voilà. Donc c'est ça, il faut le savoir, c'est ensuite quand tu vois des gamins de treize, quatorze, quinze, seize ans, tout le monde voit si il va vite tout le monde, voit si il va être [02:02:00] grand, tout le monde, sait à peu près ça. Maintenant, c'est techniquement, c'est bien, il comprend et tout. Le problème, il y a une chose qu'on ne sait pas, c'est le mental, comment il sera à Dix-huit Dix-neuf ans Voilà parce qu'après il y en a qui se prennent pour des autres, ils ont des agents, il y a l'entourage qui est important et ça on ne maîtrise pas.
Yannick STOPYRA: On a vu des gamins à Bordeaux qu'on a fait signer à quatorze ans, on s'est dit qu'est-ce que c'est que c'est un avion gamin? Mais c'était terrible dix-huit ans je crois qu'il a arrêté le football et moi je pense que plus t'es doué, ce qu'a fait Mbappe c'est un autre reccord. Je crois que c'est le record de déjà à treize, quatorze ans à assumer toujours le même, comment s'appelle le même niveau. Parce que là, je viens de recenser les choses sur dix ans que [02:03:00] j'en ai vu des joueurs et bah tous ceux qu'on était dessus soit il y en a qui ont arrêté soit qui joue dans les petits clubs, soit ils sont au niveau amateur, ça pas percé et ça…
Le Podcast des Légendes: Alors est-ce que pour ce qui est du mental, il y a des manières assez fameuses, le coach des Spurs de San Antonio Greg Popovic quand il… C'est le basket mais bon, ça reste dans le domaine du sport, il a quand il veut recruter un joueur chez les Spurs, il leur fait des tests pendant deux jours, ils doivent des tests psychotechniques qui n'ont rien à voir avec leurs capacités techniques et athlétiques. Mais c'est juste de voir est-ce qu'ils ont la mentalité requise pour faire partie de l'organisation des Spurs. Est ce que Bordeaux, est-ce que Clairefontaine ou les centres de formation est ce qu'il y a des tests comme ça ou c'est plus empirique?
Yannick STOPYRA: ça les grands clubs européens ils l'ont tu vois les anglais les allemands quand ils arrivent à l'entraînement les jeunes on leur prend une petite goutte de sang pour voir s'ils sont fatigués en fonction de sa Rapidement, il voit la teneur de de l'entraînement. Tout ça, ils sont très au point. Et puis après, effectivement, mentalement, ils ont des spécialistes et tout ouais, après, financièrement, il y a un coût. Donc euh, en règle générale, c'est la dernière chose, c'est la dernière chose. Effectivement, nous on a, on a un préparateur mental tout ça, mais aujourd'hui c'est encore plus élaboré. Je pense que notamment aux Etats Unis, je pense qu'il doit y avoir. Ils font des études la façon de regarder les choses, tout ça. Et voilà, nous on est pas encore dedans.[02:05:00]
Le Podcast des Légendes: et dans quelle mesure tu te sers de ton, de ton passé, de joueur pour faire passer des messages ou parce que tu étais un peu dans leur…. Tu as été clairement dans leur position à une époque où il y a les attentes étaient, je pense, moins médiatisés, moins élevés et puis moins de pression de leur entourage ?
Yannick STOPYRA: Déjà. Euh, tu vois, ce qui est marrant, c'est que on me disait que je vous ai bien aimé Je vous ai vu dimanche, Je vous ai bien aimé quelques années après on t'a dit mon père et ma mère, vous aimait bien maintenant mes grands-parents vous aimes bien. Alors déjà tu joues, tu essaies de toucher les grands-parents déjà pour essayer de Voilà Non, je pense qu'il y a une forme de respect. Il y a déjà le club. Je pense que Bordeaux, c’est un club qui est euhh, si tu es de Bordeaux. [02:06:00] Tu aimes Bordeaux ou tu ne l'aimes pas pour diverses raisons. Mais en général, tu aimes Bordeaux et je pense que c'est… Il fait partie des clubs dans les deuxième, troisième, quatrième, qui ont une bonne image, donc c'est assez facile. La deuxième chose que quand tu fais ce métier, quand nous on vient, surtout en ce moment, vu la situation du club, ils savent que ce n'est pas l'argent. Voilà donc déjà Euh, moi ils savent qu’on fait une proposition qui est correct, qui est intéressant. S'ils veulent la formation, ils l'ont. Et là, ils ont des chances Donc oui, oui, c'est important d'avoir le nom. J'ai Marius Trésor, j'ai Patrick Battiston, je me sers de tout ça aussi. Mais il faut savoir une chose, c'est, il ne faut pas dire spécialement. C'est Yannick Stopyra qui a fait Jules Kunde, ni Patrick Battiston, mais ne serait-ce que la cuisinière quand moi j'invite la [02:07:00] maman de Jules Kunde et qui mange et que la que la cuisinière dit Tiens vient voir, je vais t’en remettre un petit peu la mère elle se dit, ils vont bien s'occuper de mon fils c'est ça qui donc si tu veux, c'est un travail d'équipe. S'il y en a un qui foire, on ne l'a pas. Voilà
Le Podcast des Légendes: peut-être moi pour le mot final en fin d'après toi, Yannick Stopyra. Si on devait résumer ce qu'était le joueur Yannick Stopyra, ce serait quoi? En quelques mots, le joueur, pas le recruteur mais le joueur ?
Yannick STOPYRA: Le joueur, quelle question ! J’aurais dit peut-être Il n'a pas assez marqué de but.
Le Podcast des Légendes: donc t'es critique quand même pour résumer euh ta carrière
Yannick STOPYRA: Ouais, Parce que quand on …j'aimais bien dire, parce que je n'ai pas inventé, j'ai vu quelqu'un dire. Me disait ton plus beau but J'ai dit le prochain, je vais marquer, Je trouvais que c'était ambitieux, c'était un peu moi. Et puis ce que je regrette, le footballeur ce sont les titres parce que je n’ai pas compris. Euh, j'ai fait ça. J'ai fait ça pour du plaisir. Je n'ai pas fait ça pour gagner spécialement des titres et tout. Et quand je fais le bilan, j'ai dit Yannick quand même. Les mecs ils sont tous en train de soulever des trophées, ouais. Mais moi mon trophée, c'est d'avoir fait dix-sept ans… Aussi je suis très fier d'une chose, c'est que j'ai joué [02:09:00] dix-sept ans avant-centre. Et ça, c'est Henri Michel qui l’a dit. Il y en a beaucoup qui? Euh moi j'ai un entraîneur qui m'a dit qu'elle était quand j'ai démarré mon premier entraîneur Pierre Tournier. Il me dit en troisième division. Il me dit Yannick, Quel est ton post ? avant-centre. Non, j'ai dit ailier droit ?
Le Podcast des Légendes: Défenseur.
Yannick STOPYRA: Non, ailier gauche ? Non. Milieu ? Tu seras remplaçant avec moi. Soit tu joues avant-centre et tu te bouges, soit tu seras remplaçant avec moi ton deuxième poste. Bon, j'ai compris, c'était une belle image.
Le Podcast des Légendes: oui.
Le Podcast des Légendes: alors est-ce que tu as un match que tu que tu refais dans ta tête? Quand tu… est-ce que tu as des cauchemars, tu travailles en pleine nuit en sueur ou tu es en train de train de refaire [02:10:00] un retirer un penalty ou refaire un match et le résultat est différent.
Yannick STOPYRA: Non, je crois que quand je ne suis pas bien, Je pense aux penaltys France Brésil.
Le Podcast des Légendes: ça c'est ton happy place, comme disent les Américains.
Yannick STOPYRA: Ouais. Je veux dire je me dis tu l'as fait, tu peux continuer. Et pour te dire juste une anecdote, je reviens sur ça quand je me retrouve dans les chambres avant d'aller en chimio, le petit truc là que j'avais, je l'ai appelé Carlos. Je dis Carlos, c'est moi qui vais gagner. Voilà, ce n’est pas bien ce que je dis, mais ça m'a aidé. Et voilà. Et je pense que c'est. [02:11:00] Alors s'il y a un joueur aussi peut-être… Oh là, là, vraiment, je détestais jouer contre lui mais détesté Basile Boli. Mais lui, je n’aime pas le dire parce qu'il adore que je dise ça. Et après va m'appeler, me dire c'est bien, tu l'as dit. Je déteste ce joueur. Je ne sais pas pourquoi je me tourner à gauche. Il était là, je me tournais à droite, il était là, ce n’est pas un joueur pour moi, voilà, on le savait en plus. Alors tu sais ce que je faisais ? Basile, Je jouais avant-centre et quand Basile était sur moi je jouais ailier gauche tout le match, je ne touchais pas un ballon mais Basile n'était plus dans l’axe.
Le Podcast des Légendes: Les espaces
Le Podcast des Légendes: donc ça permet à d'autres de…
Yannick STOPYRA: Et Marcico qui était un très bon joueur de ballon a marqué deux buts. Voilà et ont gagnait Auxerre.
Le Podcast des Légendes: donc tu te sacrifiais,
Yannick STOPYRA: Oui ça, je voulais bien oui,
Le Podcast des Légendes: les joueurs avec lequel tu as eu le plus de [02:12:00] plaisir. Euh tu as dit que tu as joué avec Platini, avec Zidane?
Yannick STOPYRA: Ouais, Platini, Zidane, Giresse. Giresse, C'est exceptionnel parce que Michel Platini, c'est énorme, mais il y a un côté plus calculateur. C'est quelqu'un qui te donne pour que tu lui redonnes
Le Podcast des Légendes: il t’utilise, Michel Platini, c'est quelqu'un qui utilise
Yannick STOPYRA: Voilà, donc euh, mais Giresse, c'est plus le, tu dois la donner, il la donne
Le Podcast des Légendes: altruiste.
Yannick STOPYRA: C’est vraiment un jour fabuleux.
Le Podcast des Légendes: Est ce qu'il y a un groupe WhatsApp, des anciens de Quatre-vingt-six? est-ce que vous êtes encore en contact ?
Yannick STOPYRA: non, non mais moi déjà, j'en vois, j'en vois un tous les jours
Le Podcast des Légendes: Comme assistant Ouais.
Yannick STOPYRA: Ouais, je vois Tusseau, à Bordeaux. En fait le monde du football c'est un peu ça on ne s'appelle pas, [02:13:00] mais quand on se voit, c'est comme si c'était hier
Le Podcast des Légendes: il y a un retour à la
Yannick STOPYRA: Oui, puisque en moi je me suis rendu compte à Sochaux. J'ai fait sept années où je démarche un bébé. J'arrive, je pars, je suis un adolescent adulte et j'ai compris tout de suite. La chose, c'est le dernier match, c'est fini, je le sais et je m'attendais à quelque chose, je ne sais pas et en fait les gens m'ont dit au revoir Bonnes vacances Ils sont partis. Et en fait le quotidien, leur quotidien, ça continuait pour eux, et c'est là, je me dis en fait Euh, je pense que il y a des choses, si tu veux, il faut rien attendre. En fait, il ne faut rien attendre. Et la relation qu'on a avec les joueurs, c'est un peu ça. On est content de se voir. [02:14:00] Et puis euh, voilà
Le Podcast des Légendes: mais il ne faut rien attendre de plus
Yannick STOPYRA: parce que même moi, on m'a demandé quand je voulais travailler. J'ai travaillé cinq ans au golf, au Qatar et aux Émirats. Quand j'ai voulu rentrer en France, Aimé Jacquet m'a aidé puisque il m'a donné un pôle espoir. Il fallait que dans les clubs pros, je mette comme quoi je m’engageais à pas prendre la place de… parce que les noms sont tellement peur. il faut imaginer un gars qui en fin de carrière qui à trente-cinq ans trente-six ans qui signe dans un club pro l'entraîneur il se dit oulala danger !
Le Podcast des Légendes: Ouais, c'est sûr, c'est le futur entraineur
Yannick STOPYRA: Ouais parce que là le président il va il va dire lui c'est un ancien pro il va faire le travail que peut-être à tort. Le président pense ça.
Le Podcast des Légendes: [02:15:00] donc c'est un peu un monde où tu es en permanence en train de regarder à droite à gauche six personnes va te piquer ta place si je comprends bien ?
Yannick STOPYRA: Ouais tout à fait. Ouais après bon tu sais quand t’arrives à un âge-là aujourd'hui euhhh on a suffisamment d'expérience, on arrive au bout Euh maintenant on y pense beaucoup moins.
Le Podcast des Légendes: Je sais qu'on a déjà pris beaucoup de ton temps. Vraiment Je te remercie de ta patience et de ta disponibilité. On t'a posé beaucoup de questions. Tu as été vraiment extra Guillaume ce que tu … ?
Le Podcast des Légendes: pour moi encore une fois mille Merci Yannick C'était très intéressant très riche, avec beaucoup d'anecdotes, moi je suis un fan d'anecdotes, c’est vraiment ma vie. Si j'avais un truc à faire ce serait anecdotes point com donc merci beaucoup pour merci beaucoup pour ça.
Yannick STOPYRA: Merci vous